L’affaire est révélatrice du dogmatisme et de la déconnexion du terrain de nos édiles. Mi-avril, les services du ministère de la Santé soutenaient mordicus que la seconde injection de rappel du vaccin contre la Covid-19 devait impérativement avoir lieu dans le même centre que l’injection initiale, y compris durant les mois de vacances estivales. Une position ubuesque, avait dénoncé la FNI. Finalement, le Gouvernement a fait mine de faire marche arrière avant de camper sur ses positions… Un joli bazar en perspective.
Pour justifier sa position inflexible, le ministère de la Santé fait valoir l’impossibilité d’assurer de manière fine des approvisionnements cohérents et adaptés aux besoins des différents centres s’il fallait tenir compte du lieu de séjour de chacun. Dès lors, il est à craindre qu’une partie non négligeable des personnes concernées renoncent à leur rappel de vaccination et préfèrent profiter de leurs vacances, avait fait remarquer la FNI. En effet, explique la Fédération, on voit mal les intéressés effectuer un aller-retour express pour se faire piquer le bras ou même décaler leur départ pour ce faire.
Éviter à tout prix que l’été ne tourne au fiasco
Pas besoin d’être grand clerc, donc, pour comprendre qu’à ce train-là, non seulement un grand nombre de Français vont surseoir à la seconde injection, du moins dans les délais impartis, voire à la première et que, de surcroît, la campagne de vaccination au pas de charge voulue par le Président de la République va sérieusement prendre du plomb dans la seringue. Le Chef de l’État s’est en effet engagé à ce que « tous les adultes qui le souhaitent puissent être vaccinés contre la Covid d’ici la fin de l’été ».
Néanmoins désireux d’éviter à tout prix que l’été ne tourne au fiasco, le ministère envisage tout de même d’orienter la fourniture de doses supplémentaires dans les zones les plus touristiques, que ce soit à la mer et à la montagne. Et ce, tant à destination des centres de vaccination que des professionnels de santé habilités à vacciner. Il est même question d’ouvrir des centres de vaccination supplémentaires et temporaires dans les endroits les plus fréquentés.
Une exception, vraiment ?
Bref, il sera bel et bien possible de se faire vacciner à deux endroits différents mais ce sera… l’exception, se sont empressés de prévenir les services d’Olivier Véran, le 11 mai. En clair, les Français sont plus que jamais priés « d’adapter » leurs dates de vacances à leurs rendez-vous de vaccination, l’administration de la deuxième dose devant avoir lieu « dans le centre où l’on a fait sa première dose ». Les dérogations à cette règle seront envisageables uniquement à titre exceptionnel, en cas « d’impératif » afin de ne pas générer « une désorganisation » logistique… Mais ce caractère exceptionnel tiendra-t-il vraiment ?
Déjà de nombreuses missions à assurer pendant l’été
Quid des Idel dans ce contexte d’incertitude ? Ceux qui exercent l’été dans les lieux où afflueront les estivants se verront donc potentiellement mobilisés, malgré le caractère « exceptionnel » de la vaccination sur les lieux de vacances. Les Idel de ces régions auront, de plus, comme ceux de tout le pays, la tâche d’assurer la continuité des soins au sein de leurs cabinets qui resteront ouverts (contrairement à ceux des médecins…) mais où une partie de leurs confrères seront en congés.
En outre, ils se sont vu affecter comme mission, dans le cadre de leurs déplacements au domicile de leurs patients, de concourir à la vaccination des plus âgés et des plus fragiles qui ne peuvent pas se déplacer et qui sont identifiés avec l’aide de l’Assurance maladie. Laquelle devrait leur proposer incessamment sous peu des vaccinations chez eux, par les Idel, dans le cadre d’un dispositif comparable aux Visites domiciliaires sanitaires d’infirmier (VDSI) pour ce qui est du dépistage.
Le Pays aura besoin d’un très grand nombre d’effecteurs
Toujours est-il que l’été venu, les infirmiers libéraux qui le souhaiteront et qui en auront le temps, auront toute latitude pour effectuer, en sus, des vacations dans les centres de vaccination et autres vaccinodromes. Ils ne seront pas de trop car vu le nombre de doses qui seront livrées et le joli bazar en perspective, le Pays aura besoin d’un très grand nombre d’effecteurs. Au point que le Gouvernement mobilise parallèlement la Croix-Rouge ou encore, la Sécurité civile et d’autres professions….
Une chose est sûre et nous ferons les comptes à la rentrée, les Idel comme chaque année assurent une continuité des soins durant la période estivale, pas sûr que ce soit le cas pour toutes les autres professions… À bon entendeur !