Après l’épisode houleux entre les IDEL et le syndicat minoritaire des pharmaciens sur la vaccination à domicile, la FNI a souhaité donner la parole aux infirmières afin de connaître leurs avis sur les relations entretenues sur le terrain avec les pharmaciens d’officine. Loin des tentatives d’instrumentalisation de l’USPO pour investir le champ du domicile, sur le terrain, la coopération interprofessionnelle s’effectue dans la majorité des cas, sans difficulté.
Au début du mois, le syndicat minoritaire de pharmaciens d’officine USPO mettait le feu aux poudres en annonçant avoir obtenu le feu vert du Gouvernement à la vaccination à domicile par les pharmaciens, provoquant la colère légitime des IDEL. La FNI, qui s’est entretenue avec le cabinet du ministre de la Santé et de la Prévention et attend une réunion avec l’ensemble des syndicats pour clarifier la situation, a décidé de prendre de la hauteur sur cet événement. Elle a ainsi mis en ligne une enquête sur les relations entre infirmière libérale et pharmacien et en dévoile les résultats. Près de 2000 IDEL (1964 exactement) y ont répondu entre le 2 et le 9 novembre.
L’enquête montre que les relations entre IDEL et pharmacien sur un même secteur géographique sont en réalité plutôt bonnes. Pour 44,9% des IDEL qui ont répondu, elles sont « simples et faciles ». 47,3% sont un peu plus nuancées, estimant qu’elles ne sont « pas toujours évidentes ». Et moins de 8% font face à des relations « difficiles ou conflictuelles ». Le sentiment de concurrence entre les deux professions est cependant très fort. 9 IDEL sur 10 ont le sentiment que le pharmacien de leur secteur est un concurrent.
Concernant la vaccination, près de la moitié des IDEL (49%) estiment que les doses commandées sont mises à disposition en temps voulu, quand 45,6% déplorent des retards, mais pas systématiques. 5,3% indiquent être rarement délivrées en doses. Lorsqu’un patient sollicite une vaccination contre la grippe auprès de l’IDEL, 11,8% reviennent se faire vacciner auprès de l’IDEL après la délivrance de la dose en pharmacie, 70,1% reçoivent la dose « parfois à l’officine » et 18,1% sont systématiquement vaccinés à l’officine.
Pour près de 9 IDEL sur 10, ce glissement de patientèle en demande de vaccination vers les officines pourrait être limité, et la vaccination à domicile facilitée, si les infirmières disposaient d’un stock de vaccins directement dans leur cabinet.
En résumé, le pseudo conflit entre IDEL et pharmaciens, déclenché par la récente sortie de l’USPO et amplifié par les réseaux sociaux, ne semble pas ou peu se traduire dans les faits. Au niveau local, la coopération entre les deux professions reste de mise et le ressenti est largement positif. Cela ne doit pas occulter la question de la projection du pharmacien au domicile, qui reste à éclaircir et à répondre. La FNI ne laissera pas démanteler les missions infirmières sans réagir. Mais la réalité du terrain parle dans cette enquête et la FNI, qui croit à l’interprofessionnalité, se réjouit de constater que les professionnels de santé libéraux travaillent davantage en harmonie qu’en se tirant dans les pattes.
L’avis des patients le prouve aussi. Une enquête Elabe/Les Échos publiée au début du mois indique que, si 58% des Français pensent que le système de santé fonctionne mal, ils ont une opinion très positive des professionnels de santé. 95% ont une bonne image des infirmiers et 90% une bonne image des pharmaciens. On peut penser que si ces deux professions se faisaient vraiment la guerre sur le terrain les patients n’auraient certainement pas une opinion aussi positive de ces professionnels. De quoi relativiser encore les provocations du syndicat minoritaire des pharmaciens. La coopération IDEL/pharmacien a encore de beaux jours devant elle ! À la condition que, bien sûr, les pharmaciens ne tentent pas à nouveau de s’arroger la prérogative du domicile.