A la suite du remaniement ministériel, Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse le 16 janvier au cours de laquelle le sujet des déserts médicaux a été évoqué. Le Président de la République plaide pour un plus large « recours aux paramédicaux ».
Pour répondre au défi de l’accès aux soins, le chef de l’État Emmanuel Macron compte s’appuyer davantage sur les paramédicaux. C’est en tout cas l’ambition qu’il a affichée devant la presse le 16 janvier dernier. La santé faisait partie des sujets importants évoqués lors de ce rendez-vous médiatique. Le Président a affiché sa volonté de « mettre fin au scandale » des déserts médicaux grâce à plusieurs leviers. Tout d’abord en régularisant un certain nombre de médecins étrangers, tout en s’opposant à la régulation de l’installation des médecins. Il a également plaidé pour un recours plus large aux paramédicaux, citant les infirmières, pour dégager du temps médical aux médecins généralistes, et permettre à ces derniers de recevoir plus de patients dans un contexte de fortes tensions.
La FNI rappelle que les infirmières libérales sont prêtes à mobiliser leurs forces vives pour assurer la prise en charge de tous les Français. Pour y parvenir, le Gouvernement doit cependant transformer l’essai et passer des annonces à l’action. Une politique ambitieuse en faveur de l’évolution de la profession et de ses compétences doit être engagée et aboutir rapidement, loin des corporatismes médicaux qui ne font que retarder la mise en place de solutions essentielles à l’accès aux soins.
La réforme du métier infirmier sera ainsi un enjeu crucial pour répondre aux objectifs affichés par le Président de la République. Dès le 1er trimestre 2024, des groupes de travail technique doivent se réunir pour travailler sur la définition, les missions et le référentiel d’activités et de compétences des IDEL. Pour cela, des groupes de travail techniques, composés par différents acteurs (dont les syndicats), seront constitués afin de mener des temps d’échanges pour réfléchir aux missions et au référentiel d’activités des infirmiers. Pour la FNI, ce chantier essentiel doit aboutir dans les délais prévus, c’est-à-dire au début du 2ᵉ semestre 2024 avec une traduction législative et réglementaire de ces travaux.
Cette réforme essentielle devra permettre de faire évoluer l’architecture juridique qui définit la profession, de mettre en place une rénovation de la formation pour la rentrée 2025, mais aussi d’ouvrir de nouvelles compétences dès 2024. La FNI a d’ores et déjà formulé des propositions dans le cadre de la réforme du métier :
- Repositionner l’infirmier sur la prévention et la promotion de la santé ainsi que dans la coordination des parcours de vie, de santé et de soins en coordination avec le médecin traitant.
- Dans le référentiel d’activité et de compétence, faire évoluer la notion d’entretien et la caler dans le cadre de situations cliniques définies dans des domaines répertoriés que sont la prévention, l’éducation thérapeutique et le traitement des plaies.
- Intégrer le bilan médicamenteux et l’observance thérapeutique et abolir la notion d’entretien et son remplacement par la notion de consultation infirmière dédiée.
- Faire évoluer la prescription infirmière vers un élargissement en pouvant renouveler ou adapter la posologie de certains traitements pour une pathologie donnée ou pour prévenir la déshydratation sans protocole ; prescrire initialement ou adapter certains médicaments à visée antalgique de palier 1 ; prescrire certains actes ou tests de dépistage ; prescrire des bilans biologiques en préparation de la consultation médicale.
- En matière de prescription, prévention et traitement des plaies, étendre l’autorisation accordée dans le cadre de la Loi Rist 2023 qui, aujourd’hui, est limitée à l’exercice coordonné.
Sur ce dernier point, Emmanuel Macron a une nouvelle fois rappelé, pendant sa conférence de presse, l’objectif de multiplier le nombre de maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), fixé par le gouvernement à 4 000 d’ici 2027. La FNI insiste à nouveau sur le fait que l’ensemble des structures professionnelles, quelle que soit leur forme juridique, et en particulier celles qui réservent l’exercice libéral des IDEL, doivent être embarquées dans cette évolution des compétences infirmières, et pas seulement celles exerçant en MSP, ce qui limitera assurément l’impact de ces mesures et donc l’efficacité sur l’accès aux soins.
Enfin, Emmanuel Macron a défendu la nécessité de « débureaucratiser notre santé », et d’alléger la charge de travail administratif des professions de santé libérales, en s’appuyant sur les services des Agences régionales de santé (ARS). La FNI estime en effet que les IDEL pourraient être allégées de certaines lourdeurs administratives et réglementaires qui pèsent sur la gestion de leurs cabinets.
La FNI sera force de proposition pour accompagner le Gouvernement dans sa volonté de mobiliser davantage les IDEL pour l’accès aux soins et appelle les décideurs à se saisir le plus rapidement possible de ce sujet central pour la santé des Français.