La rémunération proposée de 4,50 € pour la vaccination en officine hérisse les pharmaciens, prêts à refuser l’expérimentation si le tarif n’est pas réévalué.
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France estime que ce tarif – le même que celui d’une primo-vaccination effectué par une infirmière libérale, agissant sur prescription médicale – serait de nature à « dissuader les pharmaciens d’officine de participer à cette expérimentation, avec le risque de manquer l’objectif d’amélioration de la couverture vaccinale ». Interrogé par Le Moniteur des Pharmacies, le président de la FSPF estime même que « La vaccination nécessite une adaptation de l’officine. Ce qui est prévu ne permet pas à l’officine de faire face aux contraintes et de rémunérer correctement les personnes. C’est scandaleux ».
De toute évidence le président de la FSPF ignore que le tarif précité de 4,50€ est un tarif majoré lorsque cette vaccination représente un acte unique, il n’est facturé par une infirmière que 3,15€ lorsqu’il est réalisé en même temps que d’autres actes infirmiers au cours de la même séance, avec application de la décote de 50% pour les deuxième acte. Pire, il est totalement gratuit lorsqu’il est réalisé au cours d’une séance de soins infirmiers AIS 3 pour les personnes en perte d’autonomie !
Dans un tel contexte où est le vrai scandale ? Est-il lié au fait que les pharmaciens s’octroient des compétences qu’ils n’ont pas pour priver les infirmières du champ d’activité historique qui est le leur ou porte-il sur le niveau de rémunération des actes infirmiers qu’ils auraient surestimé ? C’est ça la vraie question !
N’est-il pas en soi encore plus scandaleux de revendiquer pour le même acte des tarifs supérieurs à ceux qui sont en vigueur chez les professionnels dont c’est le métier ? Le scandale ne résiderait-il pas dans le fait que les textes qui encadrent cette expérimentation n’imposent même pas aux pharmaciens le minimum requis pour dispenser des soins infirmiers ? A commencer par la présence d’un point d’eau. Les pharmaciens qui n’ont aucune expérience acquise en matière d’injection ont-ils anticipé les conséquences des réactions incontrôlées de certains patients à la simple idée de l’effraction cutanée, tels que gestes défensifs involontaires, malaises vagaux ? Sont-ils pleinement conscient que certains patients vont encombrer les urgences hospitalières au moindre hématome accidentel au point d’injection, lorsqu’ils ne doublent pas la démarche d’une plainte à l’ordre professionnel concerné ?
La FNI par contre, pointe un autre scandale sur lequel la FSPF reste étrangement silencieuse : les pharmaciens expérimentateurs percevront une prime de 100€ par an à partir de cinq patients vaccinés ! Il n’est certainement jamais venu à l’idée des promoteurs de cette expérimentation scandaleuse que sans bénéficier d’aucune aide financière, les infirmières libérales, elles aussi, doivent faire face à de multiples contraintes, notamment la mise aux normes de leur cabinets.
Confrontée à cette énième provocation, la FNI revendiquera en ouverture des prochaines négociations conventionnelles :
· l’extension de la revaccination antigrippales par les IDEL à toute la population sans restriction, comme l’a préconisé Marisol Touraine avec une prime annuelle équivalente à celle dont bénéficient les pharmaciens
· le droit d’exercer comme les pharmaciens une activité commerciale afin de pouvoir délivrer directement aux patients en perte d’autonomie tous les dispositifs médicaux non médicamenteux nécessaires à leur maintien à domicile dans un but de simplification des circuits et de soulagement des aidants naturels.
« Enfin, la FNI enjoint les syndicats de médecins à faire preuve de solidarité envers les infirmières pour faire barrage à cette délégation d’acte médical aux pharmaciens en donnant pour consigne à leurs adhérents d’assortir toute prescription de vaccins de la mention « à faire pratiquer par infirmière DE.»
En conclusion : « chacun son métier, les vaches seront bien gardées » !