Malgré un lancement le 15 octobre, la campagne conjointe de vaccination contre la grippe et le Covid-19 accuse un retard inquiétant : comparé à 2023, 600 000 doses de vaccins n’ont pas été administrées. Pourquoi ce recul et comment rattraper ce retard crucial pour protéger les plus vulnérables ?
Pour la deuxième année, la campagne de vaccination conjointe contre la grippe saisonnière et le Covid-19 a été lancée le 15 octobre, avec pour objectifs de protéger les populations les plus fragiles et d’installer le réflexe de la double vaccination pour ces populations à risque. Pas moins de 17 millions de personnes ont reçu les invitations à se faire vacciner envoyées par l’Assurance Maladie. Médecins, infirmiers, sage-femmes et pharmaciens peuvent prescrire et dispenser cette vaccination, qui constitue un filet de sécurité contre deux affections hivernales les plus courantes.
Le bilan des deux premières semaines de cette nouvelle campagne témoigne d’un recul du nombre de patients vaccinés au 30 octobre 2024 comparativement à 2023. Selon les chiffres avancés par IQVIA, le nombre de doses délivrées en pharmacie est inférieur de 16% à 2023, ce qui représente un retard de 600 000 vaccinations. Comment expliquer un tel retard et surtout, comment le rattraper ?
Croyances vivaces
Les températures plutôt clémentes de la dernière quinzaine d’octobre sont évoquées comme un des facteurs de ce démarrage atone, mais les autorités sanitaires redoutent la poursuite de l’érosion de l’adhésion des Français à la vaccination. La couverture vaccinale contre la grippe a reculé de 51 % à 47 % entre les campagnes 2022-2023 et 2023-2024 ; en particulier chez les personnes de moins de 65 ans ayant une maladie chronique. Même constat inquiétant pour la covid avec seulement 30 % des plus de 65 ans vaccinés en 2023-2024 et à peine plus d’une sur dix de moins de 65 ans avec une maladie chronique, à la même période.
Alimentées par les galaxies antivax et complotistes de tous poils, les fausses croyances prospèrent, expliquant en partie cette baisse de l’adhésion à la vaccination. Selon des études BVA pour l’Assurance maladie et Santé publique France 44 % des malades chroniques et 33 % des plus de 65 ans considèrent que les gestes barrières suffisent contre le Covid-19 ; et entre 25 et 50 % des personnes à risque redoutent les effets secondaires des vaccins.
La dangerosité des formes graves de la grippe et du Covid-19 pour les personnes fragiles n’est pourtant plus à démontrer et les IDEL le savent bien. La communication et la pédagogie jouent un rôle essentiel pour inverser la tendance. Mais là aussi, la communication autour de la campagne de vaccination a pris un mauvais départ.
Erreurs de communication
Les campagnes des pouvoirs publics sont assez timides et les messages qu’elles portent n’insistent pas sur la dangerosité de ces deux affections. De leur côté, certains laboratoires pharmaceutiques se sont lancés dans la publicité pour la vaccination, mais très maladroitement. En poussant des patients qui peinent déjà pour décrocher un rendez-vous avec leur médecin traitant de s’adresser à leur praticien, le message des labos rétrécit, maladroitement, les possibilités d’accès à la vaccination.
Relancer sans tarder et convaincre
Une reformulation des messages et une campagne de communication massive et impactante est urgente. L’assurance maladie ne doit pas attendre le début de l’année pour relancer la communication, car le retard pris sera encore plus difficile à rattraper. Mais plus encore, il appartient à chaque IDEL de s’assurer de la vaccination de ses patients, car cela fait partie des prérogatives de la profession en matière de prévention. Et dans ce domaine les infirmières et infirmiers libéraux peuvent faire la différence !