Depuis plusieurs semaines, un mouvement infirmier, initié par des collectifs émergents sur les réseaux sociaux (IDEL en colère), mène des actions dans les territoires. Il traduit le malaise profond et légitime qui existe au sein de la profession infirmière sur lequel la FNI, première organisation représentative des infirmiers libéraux, ne cesse d’alerter le Gouvernement et l’Élysée.
Le malaise et la colère observés actuellement chez les IDEL est avant tout né de la grosse fatigue de la profession, qui a porté à bout de bras les soins à domicile durant la crise sanitaire. Les causes de ce mouvement de contestation sont multiples : le manque de prise en compte de la pénibilité du métier, dont les tarifs de base contraignent aujourd’hui la profession à enchaîner les actes; le contexte de forte inflation qui dure désormais depuis plusieurs années et impacte particulièrement la profession exerçant 98% de son activité au domicile des patients; le blocage de la lettre clé AMI depuis 2009 qui enferme la profession dans un deal prix/volume qui ne tient pas compte des transferts de charge de l’hôpital vers la ville ou encore la multiplication des contrôles effectués sans discernement de la part des CPAM qui participe à l’insécurité de l’exercice libéral. En outre, les infirmières, après avoir eu le sentiment d’être les grandes oubliées du Ségur de la Santé après la crise sanitaire, font face désormais à une iniquité de traitement de la part de la Cnam, au regard des propositions faites aux médecins et justifiées par l’inflation en cours par le Directeur général de la Cnam. Les violences et les injures que subissent quotidiennement les IDEL, confrontées en toute première ligne aux problèmes psychiatriques et de santé mentale d’un nombre croissant de patients abandonnés par les institutions, aggravent le malaise vécu par les IDEL.
Chaque année, le budget de la sécurité sociale est voté par le Parlement ce qui permet de mettre à la disposition de l’État et de la Cnam une enveloppe budgétaire fermée. La FNI défend l’idée que les ressources existent, seulement, leur répartition par rapport aux objectifs affichés par le gouvernement (virage ambulatoire et approche domiciliaire) est incohérente. L’impact de l’arrivée des générations du baby-boom dans le grand âge et la dépendance et l’explosion des maladies chroniques rendent ce décalage insoutenable. Les professionnels de santé libéraux ne peuvent absorber les transferts d’activités depuis l’Hôpital à moyens quasi constants et sans investissement massif sur les soins de ville. De plus, l’investissement sur les soins de ville, lorsqu’il y en a, ne doit pas être capté en majeure partie par le seul corps médical.
Dans ce contexte, la FNI, syndicat conventionnaliste et réaliste, souhaite inscrire son action dans la durée et porter les revendications de la profession au travers les canaux qui sont à sa disposition, c’est-à-dire par la voie conventionnelle, mais aussi par ses actions à tous les échelons de la République (ministère de la Santé, cabinets du Premier ministre et du Président de la République, parlementaires). La FNI a ainsi demandé au ministère, ainsi qu’à la CNAM, l’ouverture rapide de nouvelles négociations conventionnelles.