Le Ségur de la Santé qui vient de s’ouvrir rassemble les acteurs du système de santé, libéraux, hospitaliers et médico-sociaux. Le Gouvernement en attend des mesures pour accélérer le déploiement de « Ma santé 2022 ». Les soignants attendent, eux, une réforme ambitieuse. Ségur, c’est dur. La vraie réforme, c’est pas gagné !
Dans le cadre du Ségur de la Santé, le Ministre des Solidarités et de la Santé, O. VERAN, a annoncé une consultation dématérialisée auprès de l’ensemble des professionnels de santé.
Ce questionnaire a vocation à recueillir les témoignages et ressentis des professionnels pour tirer collectivement selon le ministère les leçons de l’épreuve traversée et pour bâtir les fondations d’un système de santé encore plus moderne, plus résilient, plus innovant, plus souple et plus à l’écoute de ses professionnels, des usagers et des territoires. Votre avis compte et plus les IDEL seront nombreux à répondre, plus nous aurons de poids dans la concertation.
Vous trouverez ci-après le lien du questionnaire auquel les professionnels de santé sont invités à répondre jusqu’au 22 juin :
La brutalité de la crise sanitaire a mis en lumière les grandes fragilités de notre système de santé, mais aussi la capacité des soignants, libéraux comme hospitaliers, à se mobiliser pour y faire face. Le président de la République avait promis, le 25 mars, qu’à « l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital », suscitant des espoirs de réforme parmi les soignants. Deux mois après, jour pour jour, le Premier ministre, Édouard Philippe, donnait le coup d’envoi du Ségur de la Santé aux côtés du ministre de la Santé, Olivier Véran, en présence des représentants de l’ensemble des acteurs de la santé, publics et privés, hospitaliers et libéraux, réunis en visio-conférence.
Un Ségur de la Santé pour quoi faire ? C’est la question que se sont posés tous les participants de la réunion de lancement du Ségur. En effet, s’il est établi que cette vaste concertation est bien destinée à « tirer collectivement les leçons » de la crise sanitaire, en revanche l’ambition n’est pas tout à fait claire. Les déclarations du ministre de la Santé, et même du Président de la République lui-même, avaient laissé entendre que le Ségur devait permettre de remettre à plat le système de santé ouvrant la voie à une réforme réellement ambitieuse, s’éloignant du plan « Ma santé 2022 » d’Agnès Buzyn. Mais Édouard Philippe a rapidement refroidi les ardeurs réformatrices des participants, et sans doute de son ministre de la Santé, en posant un cadre et des limites : « il ne s’agira pas de remettre en cause « Ma Santé 2022 » mais de trouver les moyens d’en accélérer la mise en œuvre » a-t-il déclaré lors de son discours. Fermez le ban.
Comprenez : le Gouvernement organise une vaste concertation de l’ensemble des acteurs du système de santé pour poser une rustine sur sa politique de santé afin qu’elle puisse tenir le coup jusqu’aux présidentielles en tentant de circonscrire la crise de l’hôpital.
Pour noyer toute velléité réformatrice, la concertation se déroule à trois niveaux : au niveau national à travers cinq thématiques (les métiers, l’investissement et le financement, la simplification des organisations, et les territoires), au niveau des régions pour y colliger des retours d’expériences et, enfin, une consultation en ligne ouverte à tous.
Elle doit s’achever d’ici la fin du mois de juin, de façon à ce que le président de la République puise dans les propositions qui en ressortiront, ainsi que celles que lui livreront en même temps l’Assemblée nationale, le Sénat et le Conseil économique et social, les « priorité essentielles qui, dans ce moment font consensus ou qui émergent au premier rang des préoccupations » des Français.
Dans ce contexte, les professionnels libéraux de santé doivent jouer des coudes pour se faire entendre et obtenir que leurs priorités d’action soient prises en compte, et ne pas se contenter d’agir uniquement au niveau du Ségur. Et il faudra éviter que se rejoue dans ce groupe le match des négociations des accords interprofessionnels sur le financement des CPTS et des MSP.
Toutes les formes d’organisations coordonnées de proximité, formelles ou non, surtout si elles découlent des initiatives des professionnels eux-mêmes pour répondre aux besoins des patients, doivent être reconnues et soutenues.