La collaboration des médecins généralistes avec d’autres professionnels de santé a été encouragée par les récentes politiques de santé et se traduit notamment par le développement de l’exercice dans des cabinets de groupe ou des structures d’exercice coordonné, constate la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistique (Drees) dans le n°1282 de sa revue Études et Résultats. Toujours est-il que les généralistes libéraux communiquent plus souvent avec des infirmières qu’avec leurs confrères à propos de leurs patients. Ce qui est en dit long.
Les Idel, interlocuteurs privilégiés
Premier constat : les médecins généralistes échangent plus régulièrement avec des infirmières qu’avec leurs confrères ou d’autres professionnels de santé. Ainsi, deux généralistes libéraux sur trois partagent au moins toutes les semaines des informations d’ordre médical avec des Idel. Mieux, les interactions sont quotidiennes pour un peu plus d’un tiers (35 %) des praticiens. Pour autant, les Idel ne sont pas l’objet d’une attention exclusive. En effet, les médecins sont également souvent en lien avec leurs confrères, généralistes ou spécialistes, ainsi qu’avec des pharmaciens. En revanche, les interactions quotidiennes sont un peu moins courantes qu’avec les Idel.
Surtout pour les patients atteints de maladie chronique
Près de la moitié (44 %) des médecins échangent au moins une fois par semaine avec des infirmières à propos de leurs patients atteints de maladie chronique. Les motifs d’une telles assiduité ont donc été identifiés : plus d’un tiers des médecins communiquent à ce rythme avec les Idel à propos des traitements ou de la réalisation de gestes techniques pour leurs patients (37 %) et un quart sur la gestion des personnes âgées à domicile et le suivi des patients à la suite d’une hospitalisation.
Le volume d’activité élevé des médecins change beaucoup de choses
Autre donnée qui vient corroborer ce qu’affirme la FNI depuis plusieurs années : les Idel, par leurs compétences, ont vocation à permettre aux généralistes de récupérer davantage de temps médical. En effet : 50 % des médecins qui ont un volume d’activité élevé communiquent au moins une fois par semaine avec les infirmiers libéraux à propos des traitements de leurs patients ou de la réalisation de gestes techniques, contre 44 % des médecins dont le volume d’activité est modéré et 36 % de ceux qui une activité moins importante. Comme le suggère la Drees, « cela pourrait traduire le fait que les médecins ayant un volume d’activité plus important voient plus de patients et ont donc plus de motifs d’échange et/ou qu’ils sont amenés à transférer plus de tâches à leurs collègues infirmières pour diminuer l’intensité de leur activité. »
L’offre de soins infirmiers, un critère déterminant
Par ailleurs, les échanges entre médecins généralistes et infirmières sont moins fréquents lorsque l’offre de soins infirmiers est rare. Autrement dit, les collaborations entre généralistes et Idel sont moins nombreuses là où l’indicateur d’Accessibilité potentielle localisée (APL) aux Idel est le plus bas. « Ces écarts révèlent une importance particulière de l’offre de soins infirmiers sur le territoire du médecin pour sa collaboration avec les infirmières, traduisant probablement de plus fortes chances d’interaction sur ces territoires », décrypte la Drees.
Les regroupements démultiplient les échanges
Le regroupement de médecins favorise naturellement les échanges, à des degrés divers. De fait, les praticiens partageant leurs locaux avec des professionnelles paramédicales déclarent communiquer plus souvent avec celles-ci : 41 % des médecins en groupe pluriprofessionel échangent quotidiennement avec des infirmières, contre 28 % des médecins en groupe monoprofessionnel et 33 % des médecins exerçant seuls. En effet, les médecins appartenant à une MSP échangent plus fréquemment avec des professionnelles paramédicales, dont les infirmières (51 % contre 31 % des médecins hors MSP), mais aussi avec les autres médecins généralistes et avec les pharmaciennes.
En clair, résume la Drees, « les résultats semblent indiquer que la collaboration des médecins généralistes avec les autres professionnelles dépend plus de leur appartenance à une structure d’exercice coordonné (notamment dans une MSP) que du fait de travailler dans un cabinet avec d’autres professionnelles de santé : le partage de locaux serait une condition favorable mais non suffisante à la collaboration ».