Dans la plupart des cas, le recours à l’HAD n’est pas nécessaire. 5% seulement des HAD sont prescrites par les médecins généralistes en Ile-de-France. Ce désamour est volontaire : ils considèrent que la coordination libérale de proximité est plus fluide et plus adaptée à leur exercice.
Pour les patients complexes, la plupart du temps des personnes âgées dépendantes (83%) en affection de longue durée et/ou atteints de plusieurs pathologies, les médecins généralistes de la région Ile de France travaillent en coordination avec les infirmières libérales, les kinésithérapeutes libéraux, les auxiliaires de vie, les aides-soignants et les aides ménagères. Mais pour une fois, les prescripteurs eux-mêmes reconnaissent que coopérer avec les acteurs libéraux de proximité pour assurer une prise en charge complexes à domicile est plus fluide et plus adapté que recourir à un établissement d’hospitalisation à domicile. C’est le résultat d’un sondage réalisé en 2017 auprès de 11 479 médecins généralistes libéraux franciliens pour l’Union régionale des professionnels de santé médecins d’Ile de France.
Ainsi, dans la région, seulement 5 % des HAD sont prescrites par un médecin libéral, alors que 71 % des médecins généralistes libéraux savent qu’ils peuvent la prescrire. Ils privilégient donc une organisation entre acteurs de proximité pour la prise en charge à domicile de leurs patients, « plus fluide et adaptée à leur exercice », estime-t-on à l’URPS commanditaire de l’étude.
Quand les infirmiers libéraux dénoncent le recours abusif à l’HAD avec à la clé un coût financier à la société beaucoup plus élevé, ils ont parfois l’impression de prêcher dans le désert. Cette confirmation et cette validation par les prescripteurs eux-mêmes serait-elle le signe que les choses peuvent changer ? Jusqu’à présent il était plutôt rare de les entendre s’exprimer sur le sujet.
La conclusion de l’URPS médecins Ile-de-France est sans appel : elle constate que les acteurs libéraux prennent en charge des patients présentant des modes de prise en charge équivalent à ceux de l’hospitalisation à domicile (HAD) pour un coût bien moindre puisque le coût moyen d’une journée de prise en charge HAD est estimé à 196€ par l’Assurance Maladie.
Alors que la Cour des comptes vient à nouveau de tacler la médecine de ville et qu’on reproche tant aux médecins qu’aux infirmiers une hausse des dépenses liée au virage ambulatoire, il serait bien plus utile de se pencher sur le recours pertinent à l’HAD. Non, l’HAD n’est pas la seule voie d’une prise en charge coordonnée au domicile des patients, bien au contraire !