Notre pays connaît un mouvement de contestation inédit qui a pris racine dans la hausse des taxes sur le carburant. Comme nombre de Français, les infirmières et infirmiers libéraux, notamment celles et ceux qui exercent dans les zones rurales et périurbaines, sont touchés par cette mesure qui vient s’ajouter à la multiplication des hausses de charges infligées aux petites entreprises.
Les IDEL, qui sont les seuls professionnels de santé à rentrer dans le quotidien de millions de Français, savent combien certains d’entre eux parmi les plus vulnérables sont confrontés à des difficultés économiques et sociales grandissantes.
Jusqu’ici, notre système de santé a constitué un rempart, peut-être le dernier, contre la pire des injustices : la maladie. Mais il s’est abimé à coup d’obstination et de dogmatisme médico-centrés ou énarco-administratifs quand ce n’était pas purement comptables. La liste des dysfonctionnements qui en résultent est longue, mais celui que reprochent les Français, parce qu’ils les pénalisent directement, c’est la multiplication des déserts médicaux. Si les médecins et les hôpitaux locaux ont disparu en même temps que les autres services de proximité et les services publics, en revanche les IDEL sont restés au cœur de ces territoires. Malgré un quotidien de plus en plus compliqué, la profession assure un maillage territorial de proximité inégalé.
Tout en condamnant fermement les violences intolérables qui ont émaillé les dernières semaines, provoquant des morts et de nombreux blessés, mais aussi des dégâts matériels très conséquents, la Fédération nationale des infirmiers voudrait interpeller le Gouvernement pour lui dire que les infirmières et infirmiers libéraux sont eux aussi en colère. La ministre de la Santé n’a pas bougé d’un cil après la mobilisation nationale infirmière du 20 novembre. Pourtant…
Pourtant, la profession infirmière et la FNI en particulier, sont riches de propositions. Tout d’abord, dans la réponse immédiate à apporter à la douloureuse question des déserts médicaux, pourquoi ne pas s’appuyer sur les IDEL et leur maillage de proximité et faire l’impasse sur notre profession dans la future réforme ?
Même chose concernant la hausse des taxes sur les carburants. Voilà deux ans que la FNI réclame à Bercy d’étendre aux IDEL, qui n’ont aucun autre choix que d’utiliser leur voiture pour se rende auprès des patients, les mesures dont bénéficient les professionnels de la route comme les transporteurs et les taxis. En effet, un dispositif permet à ces derniers d’obtenir le remboursement partiel de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE), en fonction de leur consommation réelle de gazole effectuée au titre de leur activité professionnelle.
Aujourd’hui, la FNI réclame à nouveau l’extension de ce dispositif aux IDEL, ce qui serait pleinement justifié et équitable.
L’impatience est en train de gagner les rangs des IDEL et le Gouvernement serait bien inspiré de cesser de tergiverser et d’apporter à notre profession les réponses qu’elle attend depuis trop longtemps.