Après 3 mois de paralysie politique, les infirmières libérales (IDEL) sont à bout. La réforme de leur métier, cruciale pour la modernisation des soins, est au point mort. Face à des conditions de travail de plus en plus dures, la colère monte.
Depuis la dissolution de l’assemblée nationale le 9 juin dernier, puis la démission de Gabriel ATTAL de Matignon, l’appareil de l’Etat est bloqué. Les nombreux chantiers à l’arrêt depuis trois mois ne sont toujours pas lancés, malgré la désignation de Michel Barnier comme premier ministre. Les difficultés qu’il rencontre à former un nouveau gouvernement prolongent ce désert de l’action. Le projet de budget de la Sécurité Sociale (PLFSS), tout comme le budget de la nation, censés être déposés sur le bureau de l’Assemblée nationale le 1er octobre, sont retardés.
Sur fond de luttes intestines entre les partis politiques dont les leaders semblent surtout se préoccuper de leur destin personnel en 2027, la paralysie politique de notre pays aggrave les maux et les crises dans tous les secteurs… au premier rang desquels la santé. Et la patience a ses limites.
Au terme d’un an et demi de travaux denses et constructifs avec l’ensemble de la profession, la réforme du métier infirmier était en voie de finalisation. Un projet de loi était annoncé à la rentrée pour graver dans le marbre les nouvelles missions et les rendre applicables dès 2025. Des négociations conventionnelles devaient être engagées dans le même temps pour mettre en place les nouveaux tarifs et acter une nouvelle étape dans la valorisation des IDEL avec l’infirmier référent. A l’arrêt, le projet de loi sur la fin de vie, et le plan en faveur des soins palliatifs, les travaux sur le grand âge… Les textes d’application de la consultation en accès direct aux IPA se retrouvent eux aussi en cale sèche.
Toutes ces mesures et réformes sont pourtant essentielles à la modernisation du métier. Elles visent à mobiliser pleinement les compétences infirmières dans un cadre plus autonome et à adapter les missions aux nouveaux besoins. Sans elles, pas de transformation de l’organisation des soins. Chacun en a conscience, y compris au plus haut niveau du Pouvoir.
Après 3 mois de paralysie, aucun acteur politique ou administratif ne s’avance sur le sort de ces réformes. Pas même l’assurance maladie, qui semble jouer la montre afin de retarder le moment fatidique où elle devra sortir son carnet de chèque.
Et pendant ce temps, le torchon brûle sur le terrain. Les urgences hospitalières sont en crise, faute d’un nombre suffisant de soignants, des services ferment, et la médecine de ville est toujours à la peine avec des déserts médicaux de plus en plus étendus.
Toujours en première ligne, auprès des patients les plus fragiles, mais aussi de plus en plus nombreux, les infirmières libérales se retrouvent de plus en plus démunies. Leur fatigue et la pression qu’elles subissent face à des cas de plus en plus lourds et complexes, accroissent la pénibilité et l’usure professionnelles. Celles qui n’abandonnent pas le métier n’ont pas le temps d’attendre des lendemains plus souriants sur le plan politique, parce que certains de leurs patients, eux, ne connaîtront pas de lendemain.
Voilà pourquoi la colère monte chez les infirmières et infirmiers libéraux. Une colère légitime à laquelle la FNI se prépare à donner un visage et une expression. La patience de la profession est à bout. A défaut de ministre de la Santé, le Premier ministre, Michel Barnier, doit indiquer rapidement comment il compte relancer les chantiers infirmiers. A leur niveau, les parlementaires doivent cesser un temps leurs combats pour avancer sur ces sujets. Même dans un village gaulois, il faut se donner les moyens de soigner les populations.