La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé a publié le 10 septembre dernier son rapport sur les dépenses de santé en France en 2018. Ce rapport, publié tous les ans, permet cette année d’observer une traduction concrète du virage ambulatoire : les dépenses hospitalières diminuent tandis que les dépenses de ville augmentent de manière plus soutenue.
La Drees a calculé que chaque Français a dépensé en moyenne 3 037 euros pour sa santé en 2018. Les dépenses de santé, évaluées à travers un agrégat appelé Consommation de soins et de biens médicaux (CSBM)*, s’élèvent à 203,5 milliards d’euros en 2018, soit 8,6 % du Produit intérieur brut. Cela représente une augmentation de 1,5% par rapport à 2017.
L’hôpital ralentit, la ville accélère
La Drees constate que la consommation de soins hospitaliers, qui représente 46 % des dépenses de santé, décélère nettement en 2018 : elle n’est que de +0,8 % en 2018 après avoir été de +1,6 % en 2017. A l’inverse, la consommation de soins de ville accélère : elle est de +2,9 % contre +2,6 % en 2017.
Dans le détail, la consommation des soins de ville des médecins généraliste accélère fortement, passant d’environ 1,23% en 2017 à 3,8% en 2018. L’accélération est moins spectaculaire pour les médecins spécialistes qui passent de près de 3,5% en 2017 à 4% en 2018 ou pour les infirmiers qui poursuivent leur progression : environ +3,8% en 2017 et 4% en 2017. Notons que les laboratoires sont les seuls vrais perdants en ville, puisqu’ils passent d’environ + 1,25 en 2017 à -1,20 %en 2018.
Cette dynamique des soins de ville couplée à la décélération de l’hôpital constitue une première concrétisation du virage ambulatoire avec un transfert concret de l’hôpital vers la ville. De ce point de vue, les chiffres de 2018 présentés par la Drees constituent plutôt un bon signe de la transformation du système de santé.
Moins de reste à charge
A noter également que le reste à charge des Français continuent à diminuer : en 2018, la participation des ménages aux dépenses de santé continue ainsi de diminuer. Leur reste à charge s’établit à 7,0 % de la CSBM en 2018, après 7,5 % en 2017 et 7,7 % en 2016.
Comme le souligne la Drees, « cette baisse résulte à la fois de la progression de la part des dépenses prises en charge par la Sécurité sociale (78,1 %) et de celle des organismes complémentaires (13,4 %) ». A noter que l’évolution de la part de la Sécurité sociale (+0,2 point en moyenne par an entre 2009 et 2018) est principalement liée à la forte progression du nombre de patients pris en charge à 100 % au titre des affections de longues durées (ALD).
Voir le rapport de la Drees : « Les dépenses de santé en 2018 – résultats des comptes de la santé » Édition 2019 (https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/cns2019.pdf)
*La Consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) comprend les soins hospitaliers, les soins ambulatoires (médecins, dentistes, auxiliaires médicaux, laboratoires d’analyse, thermalisme), les transports sanitaires, les médicaments et les autres biens médicaux (optique, prothèses, petit matériel et pansements).
Seules les dépenses qui concourent au traitement d’une perturbation provisoire de l’état de santé sont prises en compte. Ainsi, les dépenses de soins aux personnes handicapées et aux personnes âgées en institution sont exclues.
(Définition de l’Insee)