Le gouvernement prévoit de mobiliser des moyens conséquents en faveur des hôpitaux : 1,5 milliard d’aides et d’investissements et 10 milliards pour l’effacement des dettes. Les libéraux doivent-ils s’inquiéter de ce plan susceptible d’entraîner de nouvelles économies pour eux ?Le Premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ont dévoilé le 20 novembre dernier le contenu de leur plan d’urgence pour l’hôpital. Celui-ci est censé apporter une réponse à la crise du monde hospitalier et des urgences qui s’expriment depuis plus de huit mois.
Ce plan vise à accélérer les dispositions contenues dans la réforme « Ma santé 2022 ». Il est décliné selon trois axes : renforcer l’attractivité des métiers et fidéliser les soignants ; lever les blocages de l’hôpital public ; réinvestir dans l’hôpital à travers de nouveaux moyens. Le Gouvernement prévoit d’ailleurs d’investir 1,5 milliard d’euros d’ici 2022 dans les établissements et, dès 2020, un effort supplémentaire de 300 millions d’euros sur ce dernier axe. En outre, les tarifs hospitaliers ne baisseront plus, et seront même en hausse jusqu’en 2022. Une partie de la dette hospitalière sera reprise par l’État à hauteur de 10 milliards d’euros.
S’il est certes nécessaire de moderniser les établissements hospitaliers vieillissant, dans un contexte économique difficile pour tous, où les pouvoirs publics sont en perpétuelle recherche d’économies pour boucler leur budget, les professionnels de santé doivent-ils s’inquiéter d’un tel plan ?
La FNI pense que oui, et les tentatives de la direction générale de l’offre de soins pour rassurer sur ce point provoquent en réalité l’effet opposé. La raison de douter tient à la réforme du mode de rémunération engagée par le Gouvernement. D’un côté celui-ci pousse la diversification des modes de rémunération en introduisant, en plus de l’acte, davantage de forfaits, mais aussi – et c’est plus problématique – des rémunérations à l’épisode de soins qui seraient partagées entre différents soignants issus de professions différentes, voire entre la ville et les établissements.
Et, cerise sur le gâteau, une révision des nomenclatures de toutes les professions de santé est à l’ordre du jour. Dès lors, le Gouvernement et l’Assurance-maladie disposeraient de tous les moyens pour réaliser des économies sur la rémunération des soignants libéraux. C’est donc la partie qui risque de se jouer. Mais c’est sans compter sur la vigilance de la FNI, qui veillera au grain et défendra bec et ongles la rémunération des IDEL et, plus largement, l’enveloppe des dépenses de soins de ville. Il n’y a pas de raison qu’on pénalise les acteurs libéraux pour payer la dette des hôpitaux.