Un hôpital sans soignant humain, c’est possible, à terme un système de santé tout entier sans soignant, peut-être. La Chine y travaille. Raison de plus pour les médecins et infirmiers français de collaborer pour s’emparer des leviers déjà disponibles comme les IPA. Pas gagné !
En France, comme dans d’autres pays occidentaux, la transformation du système de santé mise sur les infirmiers de pratique avancée en accès direct. Cette évolution qui ne se construit pas contre les médecins, vise à renforcer les soins primaires. D’autres pays comme la Chine songent à remplacer le personnel de santé humain par l’IA. Et si médecins et infirmiers avançaient ensemble ?
La perspective d’un hôpital, sans infirmière ni médecin, vous fait froid dans le dos ? Pourtant cet hôpital entièrement piloté par l’intelligence artificielle est déjà sur les rails… En Chine. Ce modèle inquiétant a été développé par les chercheurs de l’Université Tsinghua à Pékin, pour une raison très simple : le pays n’est pas en mesure d’absorber l’augmentation des besoins de soins liés au vieillissement de la population qui progressent de façon exponentielle.
En France, nous n’en sommes pas encore là. Pour l’instant. Les pouvoirs publics continuent de miser sur les professionnels de santé. Ils ont engagé le déploiement d’une politique de transformation profonde du système de santé et de réorganisation des soins. La persistance des réflexes corporatistes qui traversent toutes les professions entrave cette mutation alors que la part de la population des plus de 75 ans ne cesse de progresser… et que les difficultés d’accès aux soins persistent.
A intervalle régulier, les polémiques sur les transferts et les partages de compétences ressurgissent, tenant lieu de défouloir dans des termes indignes des enjeux auxquels la communauté soignante, en ville, comme en établissement, se trouve confrontée.
Tout comme la réforme des études de médecine il y a quelques années, la refonte du métier d’infirmier est une nécessité pour concrétiser la mutation de notre système de santé. Selon les termes de la présidente de l’ONI, « repositionner la profession infirmière » n’est pas une option.
Symbole de ce repositionnement, l’ouverture d’une part d’accès direct aux infirmiers de pratique avancée a été actée par la loi. L’objectif n’est ni de transformer les infirmières et infirmiers en « petits docteurs », ni de détrousser les médecins de leurs compétences, mais d’avancer au service de nos patients en misant sur les compétences infirmières.
Figer les métiers du soin est non seulement irréaliste, c’est intenable. Imaginerait-t-on aujourd’hui les médecins pratiquant des saignées pour rééquilibrer les humeurs et les infirmières en sœurs de la charité offrant prières et sacrements aux malades ?
La pratique avancée correspond à une évolution naturelle et mondiale, dans les pays les plus développés, comme les USA et le Canada, pour étoffer l’offre de soins primaires. C’est un atout pour le suivi des patients chroniques tout en permettant de libérer du précieux temps médical entre deux consultations semestrielles ou annuelles du médecin. Les outils numériques garantissent en outre le partage des informations de suivi et le retour au médecin traitant, facilitant et automatisant la coordination.
Pour ce qui concerne le métier socle, les évolutions substantielles qui attendent la profession infirmière lorsque la refonte du métier sera traduite dans les textes, sont, elles aussi, une nécessité pour renforcer les soins à domicile. Car les infirmières et infirmiers libéraux sont les derniers effecteurs du système de soins à intervenir quotidiennement au domicile des patients.
A vouloir maintenir des modèles dépassés, certains acteurs, prennent le risque de conduire les pouvoirs publics à leur préférer des modèles relevant de l’IA couplé à la robotique, comme celui qui émerge en Chine.