Après la dissolution annoncée par le Président au soir des européennes, les élections législatives ont éparpillé le paysage politique « façon puzzle ». Le flottement qui s’installe à la tête de l’Etat laisse champ libre à l’administration. Analyse
Une surprise peut en cacher une autre. Après la surprise de la dissolution décidée par le Président de la République au soir des élections européennes, la surprise des résultats du deuxième tour des législatives. Déjouant tous les sondages qui prévoyaient la victoire au Rassemblement National, ce scrutin anticipé qui devait permettre une « clarification » a au contraire fait éclater le paysage politique en trois blocs dont aucun n’est en mesure d’obtenir une majorité absolue ou relative. Ce résultat inaugure une situation inédite de recomposition politique.
Si le Président de la République a demandé au Premier ministre démissionnaire, de rester à son poste « pour le moment », celui-ci ne dispose d’aucune majorité sur laquelle s’appuyer, le camp macroniste ayant perdu une centaine de députés. Gabriel Attal affiche ses distances avec le chef de l’Etat et se verrait bien à la tête du groupe des députés Renaissance.
Arrivé en tête avec 181 députés, le Nouveau Front Populaire revendique Matignon et se livre à d’intenses débats pour déterminer le ou les noms qu’il proposera dans la semaine au chef de l’Etat. Jean-Luc Mélenchon s’y verrait bien, ses alliés qui le jugent trop clivant, s’y opposent.
Du côté des Républicains « canal historique », si Xavier Bertrand appelle à constituer une coalition avec Renaissance, d’autres ténors qui ont déjà un œil sur la prochaine présidentielle comme Laurent Wauquiez, s’y refusent au nom de l’indépendance du parti.
Enfin, le RN qui réalise son meilleur résultat avec 142 députés avec les LR Ciottistes, se recentre sur l’Europe. Son alliance avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban, proche de Poutine, permet à Jordan Bardella de prendre la présidence du groupe Les Patriotes pour l’Europe.
Pour ce qui concerne la désignation du futur chef du gouvernement, à ce stade, rien ne filtre des intentions du chef de l’Etat qui reste maître des horloges. La Constitution n’impose aucun calendrier. Certains y voient la volonté soit d’enjamber les jeux olympiques, soit de laisser aux partis le temps de former un pacte de gouvernement ou de projets.
Les députés éliront leur présidente ou président le 18 juillet, puis se retrouveront le 20 pour désigner les présidents des commissions. Mais rien ne dit qu’il y aura une session extraordinaire fin juillet ou en août. Les locataires du palais Bourbon ne pourraient être appelés à siéger qu’en septembre ou octobre.
Pendant ce temps, en l’absence de direction politique du gouvernement, les services de l’Etat sont à pied d’œuvre pour « faire tourner la boutique » et anticipent une première version des futurs textes budgétaires de la rentrée dont le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
Lors de la réélection d’Emmanuel Macron à l’Elysée en 2022, où la composition finale du nouveau gouvernement s’était éternisée jusqu’en janvier suivant, le flottement politique a profité à l’administration qui avait introduit des mesures d’économie et de régulation assez drastiques. Une situation qui avait participé à la fronde des laboratoires pharmaceutiques et à l’échec des négociations conventionnelles des médecins. Au regard de l’ampleur des déficits publics actuels, pas sûr qu’un pilotage technique du pays soit une bonne chose.
La FNI qui veut engager au plus vite des négociations avec l’Assurance Maladie pour financer l’infirmier référent est en contact avec les équipes du ministère et veille au grain. Mais le suspense reste entier. À suivre…
Pour conclure de manière plus légère, un petit extrait des tontons flingueurs, des moments d’anthologie : « Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance et une sévère… Je vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu’on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. »
En vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=aLz5qlI_do4