Olivier Véran remplace Agnès Buzyn au ministère de la Santé. Un praticien hospitalier succède à un professeur. En quoi ce jeu de chaises musicales peut-t-il apporter des changements pour les IDEL ?
Pressentie pour se présenter aux élections municipales à Paris sous l’étiquette La République en Marche ! dans le 5e arrondissement afin de consolider la candidature de Benjamin Griveaux, en difficulté dans sa conquête de la capitale, elle y avait renoncé prétextant la gestion de l’épidémie mondiale du coronavirus et de la crise hospitalière. Puis, l’affaire de « revenge porn », dont a été victime l’ancien porte-parole du Gouvernement avec la publication d’une vidéo intime, a conduit le président de la République à envoyer la locataire du ministère de la Santé remplacer ce dernier pour affronter l’actuelle maire de Paris, Anne Hidalgo. Rien ne dit qu’elle échouera, car en politique aucun combat n’est perdu d’avance. Mais l’implosion du camp parisien de La République en Marche avec le maintien de la candidature du mathématicien à l’araignée, Cédric Villani, et des sondages en berne, rendent sa mission difficile. Et très risquée car, à l’inverse du premier ministre, Édouard Philippe, qui se représente dans sa ville du Havre, Agnès Buzyn quitte le Gouvernement.
C’est donc à un autre médecin hospitalier, Olivier Véran, un neurologue grenoblois, que le ministère de la Santé a été confié. Député de l’Isère, il était rapporteur général des budgets de la Sécurité sociale, et rapporteur du projet de loi organique sur la retraite. Il est également l’auteur de plusieurs rapports sur l’hôpital, dont celui, en 2017, sur le financement des établissements. Une des mesures emblématiques de ce rapport est l’expérimentation d’un forfait de réorientation des urgences qui vise à inciter les hôpitaux à renvoyer vers la ville les patients qui se présentent aux urgences lorsque ce n’est pas nécessaire. L’engagement syndical ne lui est pas étranger puisqu’il fut, pendant ses études, président de l’Inter-Syndicat national des internes (ISNI). Preuve d’humilité, rare dans la gent médicale, il finança aussi ses études en étant aide-soignant. Olivier Véran fut le référent santé d’Emmanuel Macron pendant la campagne des élections présidentielles. Il avait alors rencontré tous les acteurs du secteur, y compris les libéraux. Seule ombre au tableau, sa défaite dans la conquête de la Fédération de l’hospitalisation publique (FHF), où il avait été battu par le président sortant, Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleaux (LR).
L’arrivée d’Olivier Véran va-t-elle changer la donne pour les IDEL ? Peut-être ! En effet, alors qu’il était encore député, Olivier Véran s’est montré plutôt à l’écoute des IDEL et de la FNI. Il a notamment accueilli favorablement le projet Gélule de coordination interprofessionnelle IDEL-Médecin-Pharmacien autour de l’observance médicamenteuse. En particulier, suite à une rencontre avec la FNI cet automne, il avait encouragé le financement de cette initiative dans le cadre de l’article 51.
Sur son bureau, le nouveau ministre trouvera parmi les nombreux dossiers celui du grand âge, avec l’enjeu du maintien à domicile des personnes âgées dépendantes et l’organisation de parcours spécifiques à leur prise en charge, la poursuite de la mise en œuvre de la réforme « Ma santé 2022 », la crise hospitalière, la réforme des retraites et, bien sûr, la gestion de la crise sanitaire du qui vient de faire un mort dans notre pays.
La FNI rappellera au ministre les revendications, les propositions et les lignes rouges des IDEL pour chacun de ces dossiers. Le plus brûlant est celui des retraites, où les engagements pris avec la profession par la précédente équipe devront être tenus afin que les IDEL ne soient pas pénalisés par la mise en œuvre de la réforme.