La chose est assez rare pour être soulignée. Pour la première fois, des sénateurs envisagent les infirmières sous l’angle de compétences inexploitées et proposent de renforcer le rôle des professions paramédicales pour lutter contre la désertification médicale.
Les lignes sont en train de bouger chez les politiques. Pour la première fois, des sénateurs considèrent les paramédicaux comme une richesse inexploitée. Les sénateurs de l’union centriste, le groupe UDI-UC (Union des démocrates et indépendants) envisagent de mobiliser les infirmières pour lutter contre les déserts médicaux. « Sans être médecin, les paramédicaux dépistent des problèmes de santé, contribuent aux soins et à l’amélioration des conditions de vie du patient », écrit le groupe UDI-UC du sénat. Le sénateur de la Haute-Garonne Pierre Médevielle, ajoute que pour, «assurer une offre de soins de qualité et de proximité, il faut rattraper le retard en matière de maintien à domicile et des soins ambulatoires et reconnaître les paramédicaux comme maillon indispensable dans la prise en charge pluridisciplinaire des patients ».
La FNI est très sensible à cette prise de conscience dont elle se saisit pour solliciter un entretien avec les sénateurs à l’origine de cette communication. Elle ne peut que se réjouir d’un changement de regard à l’égard de la profession infirmière, non plus comme subalterne du médecin mais véritable pilier du premier recours aux côtés du médecin généraliste et du pharmacien.
La FNI tient donc à souligner le pas franchi et souhaite s’emparer de cette occasion pour faire connaître aux sénateurs centristes les propositions concrètes qu’elle a formulées sur sa plateforme présidentielle. Il y a notamment des mesures qui viennent en réponse à la désertification médicale, telle que l’accès direct à la consultation infirmière. Tant pour répondre à la désertification médicale qu’au besoin de maîtriser les dépenses et de mieux suivre les patients chroniques, la FNI propose de créer trois types de consultation infirmière :
– une consultation infirmière de première ligne en accès direct ;
– une consultation infirmière d’urgence en ville (permanence des soins) ;
– une consultation infirmière de suivi et des patients atteints de pathologies chroniques ou de patients douloureux chroniques.
Cette rencontre permettrait aussi de lever certains freins. Probablement par méconnaissance, les sénateurs considèrent que « nous [ NDLR infirmières] pouvons améliorer la prise en charge et le bien être des patients de façon très sensible et améliorer l’accès équitable aux soins, en luttant contre la désertification médicale, avec des formations plus adaptées, spécialisées parfois». Là, on voit qu’il y a encore du chemin à faire en termes de pédagogie et d’information. Il est important de porter à la connaissance des sénateurs le fait que les infirmières libérales sont mobilisables sans formation supplémentaire et d’expliciter tout ce qui est peut être fait dès aujourd’hui en termes de dépistage, de permanence des soins et de prise en charge des malades chroniques. On attend davantage de courage politique pour s’engager dans cette voie malgré les freins du corps médical et la frilosité de l’Assurance maladie.