Un nombre record de 34 listes, dont deux issues du mouvement des « Gilets jaunes », sera en compétition pour les élections européennes du 26 mai prochain. Malgré cette offre abondante, les candidats n’oublient pas de se mobiliser aussi sur la santé.
Bien que la santé soit une compétence propre à chaque état membre, nombre de décisions prises à Bruxelles rejaillissent directement sur les professionnels de santé français. Ce fut le cas avec l’accès partiel, mais aussi de façon plus positive avec l’universitarisation des diplômes, ou encore les soins transfrontaliers permettant aux patients d’être remboursés s’ils sont soignés dans un autre État membre de l’Union que celui dont ils sont originaires. Cette dernière disposition était incontournable à l’heure où le tourisme et les voyages au sein de l’UE sont devenus faciles.
Enfin, un vaste chantier de réévaluation des modalités d’accès aux professions réglementées a été engagé par l’Union Européenne. Celle-ci, souhaite passer au peigne fin les réglementations afin d’y déceler des dispositions censées protéger les professions en limitant la possibilité d’y accéder. C’est ce que Bruxelles désigne sous le terme peu explicite de « test de proportionnalité ».
À l’occasion d’un débat organisé par la Mutualité française, en partenariat avec Public Sénat et Courrier international, les principales têtes de listes aux élections européennes étaient invitées à s’exprimer sur les enjeux sanitaires lors d’un « grand oral ». Voici les principales propositions des candidats.
Pour Nathalie Loiseau (La République en Marche), l’Europe doit aussi être une Europe qui protège la santé des Européens. Elle se prononce aussi pour la création « d’une force de protection sanitaire européenne », ayant capacité d’intervention en cas de fraude.
François-Xavier Bellamy (Les Républicains) appelle à faire des maladies neuro-dégénératives « une grande cause européenne » et se dit favorable à l’harmonisation de la vaccination.
Raphaël Glucksmann (Place Publique et PS) se prononce pour la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale pour financer la dépendance et dénonce la tarification à l’activité qui induit « une logique de rentabilité permanente ».
Jordan Bardella (Rassemblement National) est opposé à l’harmonisation des diplômes, et estime que l’enseignement doit rester de la compétence des états. Il souhaite, lui aussi, la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale.
Au contraire, Jean-Christophe Lagarde (UDI) considère l’harmonisation des diplômes comme un progrès et reconnaît une pleine légitimité à l’Europe en matière de santé environnementale. Il se déclare en faveur de la légalisation du cannabis pour casser la délinquance qui profite de son interdiction. Il appelle à la constitution « d’un Airbus du médicament » pour ne pas dépendre des puissances étrangères.
Yan Brossat (PC) partage cette idée, mais pour dénoncer l’industrie pharmaceutique qui s’accapare les innovations.
Yannick Jadot (Les Verts) vante la crédibilité de sa liste en matière de défense de la santé environnementale. Il se déclare favorable à une harmonisation européenne des calendriers vaccinaux.
Nicolas Dupont-Aignan estime que les questions de santé doivent revenir à l’État et plaide pour la création d’une agence publique de recherche réunissant cinq ou six pays pour travailler sur des questions comme le cancer, la maladie d’Alzheimer, les maladies rares…
Enfin Manon Aubry (LCI) défend l’interdiction immédiate du glyphosate. Elle souhaite l’accompagnement des personnes âgées, à travers la création « d’un service public de soins aux personnes âgées » comprenant davantage de personnels dans les structures d’accueil.
La FNI se félicite que les candidats aux élections européennes n’aient pas oublié d’inscrire la santé dans leur programme et, pour aller plus loin, le syndicat vient d’adresser un rapide questionnaire aux principaux candidats afin d’attirer leur attention sur les problématiques propres à la profession infirmière.