Depuis la suppression du concours d’entrée, les lycéens se bousculent aux portes des IFSI (Instituts de Formation en Soins Infirmiers). Dans le même temps, le gouvernement envisage d’élargir l’accès à la profession aux non bacheliers, par la voie de l’apprentissage en complément de la VAE. Ces évolutions ne seront pas sans conséquences sur les IDEL et leurs conditions d’exercice demain. Explications
Désormais, le concours d’entrée aux IFSI est supprimé et le recrutement se fait, comme pour les autres filières de l’enseignement supérieur, par Parcoursup. Il n’y a désormais plus de sélection à l’entrée des études. Les études en soins infirmiers sont arrivés en tête des choix faits par les lycéens sur la plateforme Parcoursup. Selon les statistiques du ministère de l’Enseignement supérieur, les carrières sanitaires et sociales, essentiellement des IFSI, ont été choisies par un futur bachelier sur dix et, pour 13 % d’entre eux, c’est l’unique filière pour laquelle ils ont postulé.
Dans le même temps, à l’Assemblée Nationale, les députés examinaient, à la mi-mai, l’extension à la profession d’infirmier et le recrutement par voie d’apprentissage dans le cadre du projet de loi de réforme de la fonction publique. Si on se souvient que l’an dernier, en même temps qu’il supprimait le concours d’entrée dans les IFSI, le Gouvernement prévoyait d’élargir le recrutement dans la profession à au moins un tiers de professionnels dans le cadre de la valorisation des acquis de l’expérience (VAE), ce qui revenait déjà à supprimer le prérequis du baccalauréat, on voit que les pouvoirs publics « ouvrent les vannes » pour former un maximum d’infirmiers.
Ils espèrent ainsi compenser la fuite des infirmiers hospitaliers vers la ville mais, en réalité, cela revient à remplir une baignoire qui fuit. Car s’il entre plus d’infirmiers dans les hôpitaux, ces derniers seront encore plus nombreux à quitter ces établissements pour s’installer en ville. C’est d’ailleurs ce que nous prédit une étude du service de statistiques du ministère de la Santé, qui prévoit une forte hausse de l’effectif infirmier d’ici 2040, de l’ordre de 53 %, ce qui rejaillirait sur le nombre d’infirmiers libéraux. Pour limiter cette hausse brutale, la DREES recommande de maintenir les quotas d’entrée dans la profession et de les gérer de façon dynamique en fonction des évolutions des besoins de soins de la profession.
Sans cette gestion dynamique, puisque le concours d’entrée dans les IFSI est supprimé, et puisque les voies d’accès à la profession par la VAE et l’apprentissage se multiplient – sans parler des infirmiers en mobilité au sein de l’Union européenne qui peuvent eux aussi venir s’installer –, il va devenir compliqué de réguler l’effectif de la profession, et encore plus celui des IDEL. D’autant que cette pléthore ne signifie pas que la répartition sur les territoires se fera de façon homogène. Si rien n’est fait, à moyen terme, cette situation ne peut qu’engendrer une situation de concurrence accrue entre les IDEL.
Le premier outil dont disposent les IDEL pour anticiper cette déferlante, si le Gouvernement ne réagit pas, c’est le levier conventionnel avec le dispositif démographique, afin de continuer à favoriser l’accès aux soins par une répartition plus équilibrée des infirmiers sur le territoire. L’avenant que vient de signer la FNI permettra notamment de faire évoluer le dispositif de régulation dans les zones surdotées.