Réussis ton Ifsi (RTI), plateforme d’apprentissage en ligne dédiée aux Étudiants en soins infirmiers (Esi), et l’association SPS, qui a pour objectif d’améliorer la qualité de vie des professionnels et des étudiants en santé, ont réalisé et publié une enquête sur les conditions de formation des Ifsi. Verdict : le mal-être est là, de manière protéiforme et avec une intensité inquiétante, au point que certains n’ont pas exclu l’éventualité d’intenter à leur vie…
« La majorité des étudiants font face à des défis notables au cours de leur formation », déplorent RTI et SPS. Si bien que 77 % des sondés ont envisagé d’abandonner la formation pour différentes raisons : anxiété liée aux stages (55 %), épuisement (44 %), charge de travail institutionnelle élevée (29 %). En cause, notamment, une année trop dense, des encadrements durant les stages jugés médiocres avec une trop grande corvéabilité des étudiants ou encore, le fait que « Parcoursup oriente des étudiants mal informés ».
Les principales difficultés rencontrés
– 63 % des sondés se sont plaints de difficultés professionnelles, principalement liées aux stages et aux relations avec le personnel encadrant.
– 57 % ont également évoqué des difficultés institutionnelles, telles que la gestion des cours et des examens
– 33 % ont mentionné des difficultés personnelles, dont des problèmes de santé, familiaux ou financiers.
Idées suicidaires et violences subies
– 27 % des sondés affirment avoir eu des pensées suicidaires au cours de l’année. Un chiffre en augmentation comparé à 2022 (16,4 %).
– 81 % des étudiants qui ont eu des pensées suicidaires ont subi des violences durant leurs études ou leurs stages.
Plus de la moitié des personnes interrogées avouent avoir subi des violences :
– 22,6 % violences verbales
– 18 % psychiques,
– 3,6 % physiques
– 3,3 % socio-économiques
– 2,6 % sexistes ou sexuelles
Le phénomène est suffisamment prégnant pour que parmi ceux ayant été victimes de violences, 85 % aient songé à quitter la formation.
Précarité économique endémique
– 65 % des étudiants sont confrontés à des difficultés financières.
– 34 % des étudiants doivent travailler pour couvrir leurs besoins essentiels.
L’urgence de changer la donne
Pour la FNI « Parcoursup ne devrait seulement servir qu’à recueillir les candidatures. Parallèlement, il conviendrait de réintroduire les tests psychotechniques ainsi que les entretiens individuels de motivation à l’entrée de chaque Ifsi. Par ailleurs, il est indispensable d’offrir aux étudiants des conditions favorables pour qu’ils puissent se former comme il se doit dans la quête de sens à laquelle ils aspirent et… aller au bout de leur cursus. »
Il est essentiel que les étudiants aient une véritable connaissance de l’écosystème de santé publique dans lequel ils ont vocation à exercer et de la place qu’ils sont appelés à y occuper. Or, pointe la FNI, « la quasi-totalité des enseignements se focalisent sur la relation soignants-soignés sans prendre en compte l’évolution du système de santé ».