Vous le constatez très fréquemment dans vos tournées à domicile : la dénutrition est une réalité pour beaucoup de personnes âgées : plus de 2 millions de personnes en France Ce sujet est d’ailleurs considéré comme un problème de santé publique majeur dans les pays développés. Point sur ce phénomène et le rôle auprès des patients exposé à ce risque.
De quoi parle-t-on ?
La dénutrion ne fait pas l’objet d’une définition clinique universelle. Elle peut cependant être présentée comme un état d’un organisme en déséquilibre nutritionnel, le déséquilibre étant caractérisé par un bilan énergétique et/ou protéique négatif. Sachant, toutefois, que l’albuminémie n’est pas un critère diagnostique mais seulement un critère de sévérité de la dénutrition. De même, un Indice de masse corporelle (IMC) normal ou élevé n’exclut pas la possibilité d’une dénutrition. Ce qui signifie qu’une personne en surpoids ou obèse peut être dénutrie.
Le dépistage. Pour toutes les personnes âgées, le dépistage doit avoir lieu une fois par an en ville, une fois par entrée en institution et lors de chaque hospitalisation. Pour les personnes âgées à risque de dénutrition, la surveillance est, bien sûr, plus fréquente et fonction de l’état critique et de l’importance du risque (en cas de plusieurs situations à risque associés).
Il s’agit, à chaque fois, de :
– rechercher des situations à risque de dénutrition ;
– estimer l’appétit et/ou les apports alimentaires ;
– mesurer de façon répétée le poids et évaluer la perte de poids par rapport au poids antérieur ;
– calculer l’IMC.
Critères généraux. La présence d’au moins 1 critère phénotypique suffit. Il n’y a pas de critère étiologique.
Critères phénotypiques :
– Perte de poids ≥ 5 % en un mois ou ≥ 10 % en six mois.
– IMC < 21 kg/m2.
– -Albuminémie < 35 g/l.
– MNA global < 17.
Critères de la dénutrition sévère (1 seul critère suffit)
– IMC < 18 kg/m2.
– Perte de poids ≥ 10 % en 1 mois ou ≥ 15 % en 6 mois.
– Albuminémie < 30 g/l.
Prise en charge. La prise en charge nutritionnelle de toute personne âgée dénutrie varie selon le degré de sévérité de la dénutrition. Néanmoins, son suivi consiste à surveiller :
– son poids, une fois par semaine, au besoin à l’aide d’un pèse-personne adapté à sa mobilité réduite ;
– ses apports alimentaires, à chaque évaluation, en calculant précisément les ingesta sur trois jours ou, au moins, sur vingt-quatre heures ;
– son taux d’albuminémie, une fois par mois, sauf si celui-ci était, à l’origine, normal.
En outre, il est recommandé, parallèlement à toute prise en charge nutritionnelle, de corriger les facteurs de risque identifiés, en proposant :
– une aide technique ou humaine pour l’alimentation ;
– des soins bucco-dentaires ;
– une réévaluation de la pertinence des médicaments et des régimes ;
– une prise en charge des pathologies sous-jacentes.
La prise en charge nutritionnelle est d’autant plus efficace qu’elle est mise en œuvre précocement.
Rôle des Idel. Pour les personnes âgées comme pour les patients des autres catégories d’âge, le rôle de l’Idel s’avère prégnant dans la détection de la dénutrition au domicile de la personne mais également dans la surveillance de cette dernière afin d’enrayer le processus. L’Idel peut notamment signaler toute anomalie au médecin et initier la mise en place d’un protocole adéquat auquel il a vocation à participer.
A noter. Lire l’ensemble de l’article dans le numéro 480 d’Avenir & Santé daté de février 2020 actuellement en cours de diffusion à ses abonnés.
1 Recommandation de bonne pratique de la HAS « de la dénutrition de l’enfant et de l’adulte », novembre 2019. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-11/reco277_recommandations_rbp_denutrition_cd_2019_11_13_v0.pdf