En campagne pour les législatives, les partis, surtout les extrêmes, rivalisent de promesses pour séduire des électeurs désabusés. Derrière ces promesses séduisantes se cachent des réalités économiques implacables et le spectre des plans d’austérité. La FNI décrypte pour vous les enjeux de ces élections sous haute tension.
Une fois passée la sidération des acteurs politiques après l’annonce surprise de dissolution de l’Assemblée nationale, les différentes coalitions et les partis politiques, en particulier les extrêmes, se livrent à une course aux promesses dans le but de séduire un électorat de plus en plus désabusé.
La santé est l’une des trois principales sources d’inquiétude exprimées par les Français derrière le pouvoir d’achat, tant aux élections présidentielles de 2022, qu’aux récentes européennes et à présent aux législatives. C’est donc sans surprise que ce secteur est l’un des terrains de confrontation entre compétiteurs. Et en la matière, tout est bon pour attirer le chaland : une grande loi de Santé pour les uns, la suppression des ARS ou encore une mutuelle à 1 euros par jour pour d’autres.
Pour séduisantes que soient les différentes promesses, comme contribuables les électeurs ne sont pas dupes de la facture qui les attend. Le coût de la crise sanitaire, les mesures de soutien dont ont bénéficié les Français et les entreprises durant le confinement, et l’inflation qui a suivi ont creusé le déficit des finances publiques. Les instances de l’Union européennes ont d’ailleurs lancé une enquête pour évaluer les capacités de redressement de la France. Ajouter des dizaines de milliards supplémentaires de dépenses ne sera possible qu’au prix d’un rehaussement de la fiscalité et de mesures de maîtrise de dépenses publiques. Certains économistes évoquent même l’urgence d’un plan d’austérité.
Les plans Mauroy (1982), Chirac (1986), Balladur (1993), Juppé (1995), Fillon (2007) et Ayrault (2012) ont tous été douloureux pour les Français, et plus encore pour les professionnels de santé libéraux. Tous ces plans décidés et appliqués par des partis politiques de tous bords, présentent des caractéristiques communes. Ils sont toujours consécutifs à la conjonction de trois phénomènes : des changements politiques, des déficits budgétaires entraînant un accroissement de l’endettement, un contexte international souvent liés aux exigences des institutions internationales comme le FMI ou l’Union Européenne, ou des tensions géopolitiques.
L’arrivée des extrêmes, quelles qu’elles soient, serait l’assurance de voir s’aligner ces trois critères (politiques, budgétaires et internationaux), rendant impossible la concrétisation des promesses les plus séduisantes, mais souvent les plus coûteuses. Et tôt ou tard, un plan d’austérité s’abattra sur le pays.
Un regard critique s’impose sur les différents programmes qui promettent « le grand soir ». A part celui du parti présidentiel, aucun n’indique ce qu’il compte faire de la future Loi infirmière qui devait être déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale le lundi suivant l’annonce de la dissolution. Cette loi était pourtant essentielle pour faire de la profession infirmière une profession à part entière, dotée de missions propres et enfin émancipée du médecin. Cette loi était également attendue pour permettre l’ouverture de nouvelles négociations avec l’assurance maladie.
Alors méfiance face aux promesses de raser gratis, car une fois retombée la fièvre électorale, contrairement à la publicité d’une célèbre marque de chocolat suisse, il n’y aura pas de marmotte pour plier le papier, mais des contribuables pour payer la note, des professionnels de santé libéraux dont on gèlera les honoraires, et, en l’absence de loi fondatrice, le retour à la case départ pour la profession infirmière.
Le rôle d’un syndicat, comme la FNI, est aussi un rôle de vigie pour alerter des menaces qui pèsent sur l’avenir de la profession. Nul ne pourra dire qu’il ne savait pas.