Le 26 mai dernier, François Braun a officiellement ouvert le chantier de la refonte du référentiel d’activités et de compétences qui fondent le métier d’infirmier ainsi que la redéfinition du référentiel de formation. Il s’agit bien d’un changement de paradigme sans exclusive puisqu’il inclut les compétences, les cursus et les carrières. Reste à savoir dans quelle proportion les missions se substitueront aux actes. La FNI plaidera pour que ces derniers continuent de constituer l’essence du métier socle.
La réforme prônée par le ministère est censée revisiter les compétences et la formation des Ide. Et ce, pour aboutir à une mise en œuvre en septembre 2024.
Les compétences
« Les tâches réalisées par les infirmiers sont de plus en plus techniques et diversifiées. D’une part, parce que les progrès de la science et des technologies innovantes accélèrent la nécessité de renouveler les pratiques. D’autre part, des facteurs structurels forts comme le vieillissement de la population ou le poids des maladies chroniques nous imposent d’élargir le cadre d’action et de renforcer les compétences des infirmiers », a expliqué François Braun le 26 mai.
Concrètement, qu’est-ce que cela induit ? « Pour les infirmiers et leurs patients, nous passerons d’un encadrement strict des actes autorisés à une approche plus agile, autour de grandes missions. Nous définirons donc, au cours des prochains mois, avec l’ensemble des professionnels concernés, quelles sont ces grandes missions, tout en conservant certains actes spécifiques », a confirmé le ministre.
Exemples :
- Ce qui a été mis en place dans le cadre de la loi Rist 2 sur les plaies chroniques. « La prise en charge des plaies, c’est véritablement un soin de proximité qui est au cœur de l’expertise infirmière. Les infirmiers pourront désormais les prendre en charge directement, et avoir toute la latitude nécessaire pour suivre la cicatrisation et éviter les risques infectieux, le tout, bien sûr, en s’articulant avec le médecin traitant », a précisé François Braun.
- Autre illustration du propos : les protocoles de coopération qui permettent un transfert d’activités ou d’actes de manière dérogatoire. Et le ministre d’évoquer celui concernant l’éducation thérapeutique autour de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, ou encore, les consultations d’addictologie pour les patients en sortie d’hospitalisation. L’un et l’autre « correspondent tout à fait à la vocation d’accompagnement des parcours de soins qui est au cœur du métier infirmier », selon François Braun. C’est pourquoi il s’agira de « passer dans le droit commun certains de ces protocoles de coopération nationaux dont les professionnels se sont déjà largement saisis » même si « la logique dérogatoire des protocoles de coopération sera, bien entendu, maintenue, en particulier pour les protocoles locaux où ils prennent tout leur sens, notamment pour répondre à des besoins identifiés ou à des expertises spécifiques dans certains établissements ».
La formation
L’Exécutif entend diversifier et ouvrir largement les voies d’entrée en formation infirmière. Comment ? En doublant le nombre d’Ifsi qui mettent en application le dispositif des cordées de la réussite, lequel consiste à proposer aux élèves un accompagnement continu de la classe de quatrième à la terminale pour donner à chacun de ses bénéficiaires les moyens de construire pas à pas son propre parcours de réussite.
Autres pistes évoquées : miser sur les nouveaux Parcours réussite et l’apprentissage tout en faisant évoluer la plateforme Parcoursup afin « de ne plus entendre, sur les bancs de nos instituts ou dans nos hôpitaux, que passer par Parcoursup ne nous amène plus les bons candidats dont nous avons besoin », dixit le ministre de la Santé.
Outre le recrutement, il convient surtout de « rénover la formation (des Ide) dans un nouveau référentiel correspondant aux évolutions du métier et aux aspirations de la nouvelle génération ». Et ce, en y intégrant de « nouveaux enseignements correspondant aux besoins populationnels tels que la pédiatrie et la psychiatrie ». Le tout en « repensant la pédagogie » et en proposant de nouveaux outils d’enseignement, comme la simulation ». A cela s’ajoutera la transformation de la politique de stage pour que « cette expérience professionnalisante soit anticipée et accompagnée afin de permettre à l’étudiant de se projeter dans son métier de manière sereine ». Ce qui implique, parallèlement, de mettre l’accent sur le tutorat et le mentorat. Le tout en poursuivant parallèlement le mouvement d’universitarisation.