Par son discours fort et sincère, Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’Ordre national des infirmiers (ONI), a confirmé qu’elle entend donner un nouvel élan à l’ONI qui ne soit plus empreint de sectarisme à l’encontre des IDEL. Elle est là pour défendre l’ensemble des infirmiers. Quant à Frédéric Valletoux, il est venu parler de sa proposition de loi qui doit faire franchir une étape importante à la profession.
« Nous attendons que le référentiel de compétences et la liste des actes modélisent de façon plus significative notre autonomie professionnelle et nos compétences. Nous avons besoin d’un signe fort sur le plan législatif pour que cette reconnaissance arrive », a martelé Sylvaine Mazière-Tauran, histoire de donner le ton.
Il s’agit, en effet, d’acter la réalité, tout simplement : « Depuis un certain nombre d’années, les infirmiers et les infirmières, que ce soit en ville ou à l’hôpital, mettent en œuvre des compétences relevant de la consultation infirmière, de l’accompagnement des patients et de la coordination des soins. Or, malheureusement, ce travail est invisible, en ville comme à l’hôpital. Le texte que nous attendons va enfin énoncer deux mots : consultation infirmière et diagnostic infirmier. Il était temps que tout ce travail soit reconnu. »
« Réponse aux besoins de nos concitoyens »
La présidente de l’ONI s’y emploie de son côté. « Il est important de restaurer le dialogue (sur l’évolution des métiers, N.D.L.R.) entre les ordres et entre les autres professionnels de santé. Je m’y attache d’ailleurs depuis ma prise de fonction, a-t-elle insisté. Il faut expliquer ce que sont la consultation infirmière et le diagnostic infirmier. Ce n’est pas une question de concurrence ni de pré carré, mais de réponse aux besoins de nos concitoyens. À partir du moment où chacun veut, avec son autonomie professionnelle et ses compétences, leur apporter une réponse, ainsi qu’au vieillissement de la population et à l’essor des maladies chroniques, nous trouverons des solutions. »
Mais, pour cela, insiste la présidente de l’Ordre, « il faut qu’elles soient construites de façon collective en respectant chacun. La question est celle de l’hégémonie médicale actuelle et du fait que l’on puisse obtenir qu’enfin chaque profession soit respectée pour ce qu’elle est et ce qu’elle pourra apporter à la santé de nos concitoyens. À un moment donné, il est important que nous soyons aussi aidés en faisant en sorte que les compétences des professions soient reconnues. »
Faire évoluer les missions
Et ce n’est pas encore, du moins pas toujours, le cas, a déploré Sylvaine Mazière-Tauran : « Par exemple, je réclame que les compétences des infirmières soient reconnues en matière de plaies et de pansements. Nous attendons désespérément que les patients puissent accéder directement à une infirmière pour obtenir un pansement sans prescription. Des textes en ce sens pourraient être édictés rapidement. En outre, je regrette qu’aujourd’hui, des expérimentations en matière de pansements soient mises en place au profit des officines de pharmacie. »
En attendant, l’ancien ministre de la Santé et désormais président de la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, Frédéric Valletoux, a, lui, détaillé les axes et le principe fondateur de la proposition de loi « visant à faire évoluer les missions dévolues aux infirmiers et aux infirmières ». Un texte qu’il a codéposé avec Nicole Dubré-Chirat et qu’il envisage de faire signer par 300 parlementaires afin de lui conférer un caractère transpartisan qui permettra de l’inscrire plus rapidement au calendrier législatif afin qu’il soit voté d’ici l’été prochain.
« Résister à la tentation de tout faire dire à la loi »
Cette PPL se veut délibérément ramassée. « Dans la construction juridique, il est important que le métier soit positionné dans le Code de la santé sur des points à la fois clairs et larges, a justifié Frédéric Valletoux. Plus la loi est précise et plus il est ensuite compliqué de la changer. Elle doit être suffisamment large pour qu’ensuite les décrets et les circulaires viennent préciser les choses de manière souple, dans le cadre de négociations avec l’Administration et l’Assurance maladie. Il faut résister à la tentation de tout faire dire à la loi. »
C’est pourquoi la PPL ambitionne seulement et avant tout de positionner le métier sur quatre missions socles :
- la réalisation de soins et leur évaluation ;
- le suivi du parcours de santé ;
- la prévention ;
- enfin, la participation à la formation.
En somme, il s’agit de « couvrir le champ des responsabilités mais aussi des compétences nouvelles » des infirmiers. En particulier en créant la consultation infirmière qui « vient consacrer une relation différente entre le patient et l’infirmier ».