Sous couvert de sauver leurs officines les pharmaciens ambitionnent en douce de s’emparer des soins à domicile. La vaccination ne leur a pas suffi ! Pour imposer ce véritable changement de métier , ils sont en train de « dealer » sur le dos des IDEL, avec le Ministère et l’Assurance Maladie, laquelle est tellement à leurs pieds qu’elle prend le risque de bloquer les négociations conventionnelles des infirmiers. Un vrai scandale que la FNI dénonce.
Les pharmaciens d’officine font le siège du Premier Ministre, après lui avoir imposé par une décision du Conseil d’État, un délai au 15 juillet pour arrêter le contenu du décret relatif aux « conseils et prestations ». Ce projet qui est sur la table depuis dix ans n’avait pas avancé tant il posait de difficultés à l’ensemble des acteurs et notamment aux IDEL.
Aujourd’hui, à ce que l’on en sait, les représentants des pharmaciens voudraient en réalité changer la nature de leur profession, tentant d’imposer une forme de « big deal » au Ministère de la Santé et à l’Assurance Maladie selon lequel les pharmacies pourraient « tout faire » : des soins ambulatoires en plus de la vaccination, de la prévention comme avec le dépistage du mélanome, de la télémédecine, des conseils, etc. et pourquoi pas la distribution de journaux en partenariat avec La Poste ?
Les conséquences des trépignations de cette profession qui bénéficie de nombreux soutiens se traduisent par le blocage des projets d’autres professions et en particulier ceux des IDEL sabotant par exemple leurs négociations conventionnelles.
La FNI voit dans les manœuvres des pharmaciens l’un des motifs du « lambinage » actuel des négociations infirmières. L’Assurance Maladie et le Ministère, dont il est permis de penser qu’ils ont conclu un accord avec les pharmaciens, bloquent toutes avancées conventionnelles sur des points qui relèvent pourtant du cœur de métier des IDEL. Ces avancées, portées par la FNI, s’inscrivent pourtant dans la démarche d’efficience du Gouvernement, comme le développement de la chimiothérapie orale ou la Préparation, Distribution et Administration des doses médicamenteuses, PDA en mode 2.0, couplées à une mesure objective de l’observance thérapeutique.
La vaccination ne leur suffit pas, ils veulent à présent beaucoup plus et se moquent du tort qu’ils causent aux autres. Et, cerise sur le gâteau, les syndicats de pharmaciens qui ne daignent même pas dialoguer avec ceux des autres professions.
La FNI dénonce la prise d’otages à laquelle se livrent les pharmaciens, et appelle solennellement le Premier Ministre à poser son stylo pour imposer une véritable négociation interprofessionnelle autour du projet de « décret services » qui impacte de facto la profession infirmière et dont le contenu reste sous embargo.
Cette situation de compétition entre les professions est dramatique et fait le jeu des tutelles. Les pharmaciens qui ont tant souffert des politiques gouvernementales devraient savoir que jouer solo, c’est jouer contre tous. Le lobby pharmaceutique n’a pas empêché les gouvernements précédents de casser une partie du monopole des officines en autorisant les grandes surfaces à vendre de la parapharmacie, certains tests de dépistage, et les laits pour bébé. Il n’a pas empêché non plus le naufrage économique de centaines de pharmacies qui ont mis la clé sous la porte. À chaque étape douloureuse le clan des professions de santé s’est montré solidaire et s’est battu à leurs côtés. Mais ça, c’était avant… avant que les pharmaciens ne marchent sur les platebandes des autres pour essayer de s’en sortir. Mais on ne s’en sort jamais seul contre tous…
Les IDEL sont demandeurs de l’instauration d’une coopération intelligente avec les officines. Faudra-t-il que le Premier Ministre le leur impose ? Cette coopération interprofessionnelle est le socle de la stratégie de transformation du système de santé et elle aurait de fait un effet plus systémique que la formation d’une poignée d’Infirmières en « Pratiques Avancées », mises à disposition des médecins. En tout cas, la FNI, contrairement à d’autres, ne laissera pas démanteler notre métier socle et ne se laisse pas attendrir par les lots de consolation du Ministère !