En matière d’accès aux soins, le statu quo imposé par les syndicats médicaux n’est plus tenable. Après que le gouvernement et les parlementaires aient détricoté la proposition de loi Rist, visant à améliorer les prises en charge en s’appuyant sur les compétences des professionnels de santé paramédicaux, la FNI avec sept autres syndicats et les patients ont publié une tribune dans Le Monde pour pousser un coup de gueule. Explications.
Les syndicats médicaux ont unanimement rejeté l’accord conventionnel proposé par l’Assurance maladie et le Gouvernement. Cet accord, qui visait à instaurer une nouvelle convention médicale, matérialise le deal mis sur la table en début d’année par le Président de la République pour améliorer l’accès aux soins. A ceux qui accepteront de se mobiliser pour l’accès aux soins en prenant une poignée de patients supplémentaires, en acceptant de déléguer et en faisant au moins une garde par mois, des augmentations substantielles devaient être accordées avec 3 niveaux de tarif de consultation à 30, 40 et 60 euros. Et une augmentation de 1,50 € sur la consultation pour ceux qui ne changeront pas leur pratique.
Certes, négocier avec la CNAM, surtout lorsque les comptes publics ne sont pas au beau fixe, n’est pas aisé, et l’on ne saurait reprocher aux syndicats de défendre les intérêts de leurs mandants. Mais, ce qui interroge, ce sont les arguments employés pour motiver le rejet de l’accord qu’ils négocient depuis quatre mois. L’instrumentalisation des propositions de loi permettant de mobiliser tous les professionnels de santé dans l’entièreté de leurs compétences en accès direct et permettre de dégager du temps médical pour les médecins est symptomatique d’une volonté de maintenir un système archaïque fondé sur une organisation verticale des soins dont le médecin serait l’alpha et l’oméga. Sauf qu’avec la crise des vocations et la désertification médicale, avec plus de 6 millions de patients sans médecin traitant et en laissant sur le carreau 600 000 patients en ALD, c’est-à-dire les plus malades, le statu quo n’est pas possible. Car au bout du compte, ce sont les IDEL qui se retrouvent face aux patients qu’il faut prendre en charge. Et le plus souvent, ce sont les IDEL qui s’y collent.
Et, ce qui choque encore, ce sont les arguments employés par les médecins pour convaincre les députés et sénateurs de bloquer les partages et transferts d’actes comme pour empêcher l’accès direct et la prescription des IPA, suggérant la mise en danger de mort des patients. Non, les professions paramédicales ne sont pas des dangers publics. D’ailleurs, leurs niveaux de formation n’ont jamais été aussi élevés… et surtout, ils sont organisés.
Enfants (trop) gâtés
Même les patients s’agacent des caprices à répétition des enfants (trop) gâtés du système de santé. Car les chiffres ont la tête dure. Nous ne sommes qu’au tout début de l’explosion des besoins de soins liés au vieillissement de la population. Selon les projections de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les personnes âgées de plus de 75 ans représentent 6,8 millions de personnes en 2023, et avant la fin de la décennie actuelle, un tiers de la population française sera âgée de plus de 60 ans. Si rien ne change, alors le système de santé sera submergé.
Après le détricotage de la proposition de loi Rist, visant à lutter contre les déserts médicaux et améliorer les prises en charge en s’appuyant sur les compétences des professionnels de santé paramédicaux, la FNI, avec sept autres syndicats paramédicaux et médicaux (FFMKR, FNO, FNP, FSPF, SDA, SDBIO et SNAO) et l’association nationale représentative des patients France Assos Santé, ont écrit une tribune, publiée dans le journal Le Monde, datée du 1er mars, pour tirer la sonnette d’alarme.
Ensemble patients et syndicats appellent le gouvernement et les parlementaires à faire bouger les lignes en mobilisant pleinement les compétences propres des professionnels de santé paramédicaux qui ne le sont pas. Les signataires de la tribune estiment que « le médecin doit être le garant du parcours de soins du patient ; personne ne songe à le remplacer. Il s’agit seulement d’utiliser pleinement les compétences de chacun. Cela permettrait de mieux répartir la charge entre les professionnels de santé et de garantir une réponse adaptée à chaque patient. D’autant que, avec la mise en œuvre du dossier médical numérique du patient, il n’existe plus aucun obstacle à la coordination des soins ».