Ce projet qui comportait initialement 57 articles s’en voit pourvu, désormais, de 227… Autant dire que cette loi annoncée comme LA LOI qui doit répondre aux défis démographiques de notre société, à l’explosion des maladies chroniques, et in fine aux échecs de notre système de santé s’est transformée en un texte qui privilégie une vision idéologique aux réalités opérationnelles de ce système. Mais ce n’est pas la seule tare dont souffre cette Loi, véritable texte « fourre-tout » (ajout de 170 articles…), loin d’élever le niveau de cohérence de mesures érigées en dogme, ce texte est de nature à opposer les modes de prise en charge des patients, à cliver encore plus les professions de santé entre elles, à contester la nécessaire complémentarité des secteurs hospitaliers, ville et médico social…
Demain, ce sera « au plus fort gagne », déjà les acteurs institutionnels se positionnent, à l’échelle des territoires, les organisations qui vont se mettre en place s’articuleront autour des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) présentés comme les outils d’une coopération renforcée. Pour être clair, les parcours patients seront paramétrés sur des schémas aux mains des hôpitaux….. Les filières captives de patients ont de beaux jours devant elles…
La part de soins payés aux idels par convention individuelle sous seing privé (SSIAD, HAD, SPASSAD…) risque de croitre au détriment des tarifs imposés par les conventions nationales…
Pendant ce temps, les média focalisent sur le tiers payant généralisé, sur le poids des mannequins ou encore sur le paquet de cigarettes neutre…. Que dire par exemple du niveau de cohérence de ce texte quand dans le même temps on assoupli la Loi Evin sur la publicité relative aux boissons alcoolisées …
Que dire encore du mépris affiché par nos décideurs quand à l’organisation d’une « grande conférence sur la santé » en …février 2016 alors que tout sera acté et adopté dans la Loi…. La rédaction des décrets et arrêtés nous dit-on !!! Au regard du large boycott annoncé de cette conférence par les principales organisations représentatives des professionnels de santé, on imagine déjà qu’à vouloir imposer une « Loi fourre tout », le ministère finisse par se fourrer le doigt dans l’oeil…