Dans la concertation sur les textes d’application de la Loi infirmière, la polémique monte… Mais attention : à trop vouloir en faire, on risque de tout fragiliser. Et si le mieux devenait l’ennemi du bien ?
Les syndicats représentatifs (FNI, Sniil, CI) et le collège national professionnel infirmier (CNPI) ont reçu le 5 septembre le projet de Décret en Conseil d’État qui est un texte d’application de la Loi infirmière.
Pour rappel, tout texte de loi nécessite des textes d’application (Décret et arrêtés).
Un communiqué du SNPI, publié le 12 septembre, a mis le feu aux poudres sur les réseaux sociaux. En dénonçant des « reculs » du ministère dans l’application de la Loi infirmière du 27 juin 2025, le syndicat a semé le doute et l’inquiétude dans la profession. Mais derrière l’alerte, que dit réellement le texte ?
Contrairement à ce qu’affirme le SNPI, l’ossature de la réforme n’a pas changé : un décret définit les grands domaines d’activité, et des arrêtés préciseront référentiels et actes autorisés. Autrement dit, l’architecture du chantier infirmier reste intacte. Les « reculs » dénoncés n’existent pas dans le projet officiel : ils relèvent d’une lecture politique plus que juridique.
En mélangeant attentes syndicales et cadre normatif, ce type de communication brouille le débat. Il ne contribue pas à faire avancer les discussions, mais fragilise au contraire la confiance dans une réforme déjà complexe. À trop vouloir créer un choc médiatique, on détourne l’attention des vrais enjeux : transfert d’actes, rôle propre et accès direct.
Cette affaire illustre un principe bien connu : le mieux peut être l’ennemi du bien. En réclamant toujours plus, toujours plus vite, on prend le risque de compromettre ce qui est déjà acquis. Le danger est clair : ralentir les négociations, retarder la mise en place des avancées concrètes et alimenter un climat d’instabilité.
Pour la profession, la priorité est ailleurs : sécuriser les textes, clarifier les compétences, consolider l’évolution du rôle infirmier. C’est sur ce terrain que doit se jouer l’avenir, et non dans des polémiques qui, sous couvert de défendre la cause, risquent de lui nuire.
Dans ce dossier comme dans bien d’autres, vouloir trop vite, trop fort, c’est parfois compromettre l’essentiel. Oui, le mieux peut bel et bien devenir l’ennemi du bien.
