Sous couvert de lutte contre les déserts médicaux, Bayrou recycle de vieilles mesures. Hélas pas de quoi changer la donne en zone sous-médicalisée. Explications.
En déplacement dans le Cantal, François Bayrou a présenté son « Pacte de lutte contre les déserts médicaux ». Derrière l’annonce d’un plan prétendument “ambitieux”, le Premier ministre s’est borné à recycler des mesures déjà actées, ou ressorties du cimetière de la Loi Bachelot. Qu’un plan gouvernemental n’apporte pas grand chose de nouveau est une chose. Le fait qu’il soit à contre-courant en est une autre.
En effet, très maladroitement ce plan restaure une forme de hiérarchie en voie de disparition entre médecins et professionnels paramédicaux. Peut-être, pour faire avaler la pilule du retour des consultations médicales avancées dans les déserts aux syndicats médicaux…
Dans ce plan, les infirmiers libéraux sont explicitement placés sous l’autorité des médecins, niant leur autonomie et leur rôle essentiel dans la chaîne de soins. Plutôt que de s’appuyer sur une profession qualifiée, formée et efficiente, le gouvernement choisit de confier certains actes aux assistants médicaux, une catégorie aux contours encore flous pour les patients, à mi-chemin entre secrétaires et aides-soignants.
Les médecins échappent à l’encadrement de leur liberté d’installation, mais ils devront développer des consultations avancées dans les zones sous-dotées. Le gouvernement reste flou sur le caractère contraignant de ce dispositif hérité de la loi “Hôpital, patients, santé territoire” de Roselyne Bachelot.
Les grands gagnants de ce plan sont les pharmaciens dont les prérogatives sont étendues, notamment avec la prise en charge des premiers soins au comptoir. Ce qui n’est pas sans rappeler, là encore, la loi Bachelot.
L’annonce de ce plan intervient à un moment crucial, alors que le Sénat s’apprête à examiner une proposition de loi ambitieuse de refonte du métier infirmier.
La FNI met en garde : sans reconnaissance pleine et entière des compétences des infirmiers libéraux, aucun progrès durable n’est possible dans l’accès aux soins de proximité, en particulier à domicile pour les patients dépendants ou atteints de pathologies complexes. L’épisode Covid avait pourtant démontré l’indispensable contribution de ces professionnels.