La généralisation de l’expérimentation OSyS, qui confie de nouvelles missions aux pharmaciens, interroge la profession. Quelle est la portée réelle du dispositif ? Faut-il craindre une concurrence déloyale envers les IDEL ? La FNI fait le point.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu veut accélérer la généralisation d’OSyS (Orientation dans le Système de Soins) pour pallier les déserts médicaux. Les pharmaciens pourront réaliser des pansements simples. Présenté comme un outil pour fluidifier les soins non programmés, OSyS est-il un simple appui ou une mise en concurrence directe ?
OSyS, pourquoi faire ?
Expérimenté depuis 2021 et généralisé en 2025, OSyS permet aux patients de consulter le pharmacien pour 13 situations bénignes (petites plaies, brûlures, piqûres…). Son objectif : désengorger les urgences et faciliter la prise en charge en zone sous-dense. Le rôle du pharmacien reste limité : triage, orientation, et pansement simple selon un protocole strict. En clair, c’est la fin des petits bricolages aux comptoir que faisaient les pharmaciens pour dépanner des patients en détresse face à des maux du quotidiens. Désormais, ils ont un cadre et un protocole. La bidouille, c’est terminé. Les soins complexes, le suivi et la réévaluation du patients relèvent exclusivement des IDEL, conformément à la loi infirmière de juin 2025.
Du ponctuel pour dépanner
À l’officine, OSyS ne permet aux pharmaciens d’intervenir que ponctuellement : conseils, orientation ou pansement de premier recours. Les pansements spécialisés et le suivi demeurent la compétence exclusive des infirmiers libéraux. Les expérimentations montrent d’ailleurs une faible adhésion au dispositif.
Les lignes rouges de la FNI
La FNI veillera au respect du cadre d’Osys : pas de dérives, le protocole, tout le protocole, rien que le protocole ! Mais surtout attention : pas de salariat d’IDEL en officine. Les infirmiers ne sont ni les exécutants ni les employés des pharmaciens. Chacun son job à la place qui est la sienne selon ses compétences propres, mais on se parle et on se coordonne.
Entre coordination et accès direct : une place reconnue pour les IDEL
La FNI défend une coopération équilibrée entre médecins, pharmaciens et IDEL dans le cadre du triptyque socle. Elle négocie la mise en œuvre de l’accès direct des IDEL aux soins de plaies et du statut d’infirmier référent, qui constituent deux leviers de la transformation de la profession. Les IDEL ont une place à part entière dans le système de santé, mais encore faut-il la défendre et l’assumer. La force des pharmaciens réside dans leur capacité à se mobiliser rapidement sur les nouvelles missions qui leurs sont confiées. Rien n’empêche les infirmières et infirmiers libéraux d’en faire autant, sinon de le faire mieux ! La FNI pèsera de tout son poids pour obtenir les textes d’application de la Loi infirmière qui donneront l’accès direct aux soins de plaies pour les infirmiers libéraux.